publié le 14 juin 2006
Arrêté du Gouvernement fixant le concept global de promotion de la santé en Communauté germanophone
23 MARS 2006. - Arrêté du Gouvernement fixant le concept global de promotion de la santé en Communauté germanophone
Le Gouvernement de la Communauté germanophone, Vu le décret du 1er juin 2004 relatif à la promotion de la santé, notamment l'article 2, alinéa 1er;
Vu l'avis du Conseil consultatif pour la promotion de la Santé, donné le 18 mars 2005;
Sur la proposition du Ministre compétent en matière d'Affaires sociales;
Après délibération, Arrête :
Article 1er.Le Gouvernement adopte le concept global de promotion de la santé en Communauté germanophone, tel que figurant dans l'annexe au présent arrêté.
Art. 2.Le présent arrêté produit ses effets le 1er janvier 2006.
Art. 3.Le Ministre compétent en matière d'Affaires sociales est chargé de l'exécution du présent arrêté.
Eupen, le 23 mars 2006.
Pour le Gouvernement de la Communauté germanophone : Le Ministre-Président, Ministre des Pouvoirs locaux, K.-H. LAMBERTZ Le Vice-Ministre-Président, Ministre de la Formation et de l'Emploi, des Affaires sociales et du Tourisme, B. GENTGES Le Ministre de l'Enseignement et de la Recherche scientifique, O. PAASCH La Ministre de la Culture et des Médias, de la Protection des Monuments, de la Jeunesse et des Sports, Mme I. WEYKMANS
Annexe à l'arrêté du Gouvernement du 23 mars 2006 fixant le concept global de promotion de la santé en Communauté germanophone Promotion de la santé en Communauté germanophone 1. Quels sont les déterminants de la santé ? 1.1. Définition des principes de base 1.1.1. Qu'est-ce que l'homme ? 1.1.2. Qu'est-ce que la « maladie » ? 1.1.3. Qu'est-ce que la « santé » ? 2. Comment peut-on promouvoir la santé ? 2.1. Qu'est-ce que la « promotion de la santé » ? 2.2. Différence entre promotion de la santé et prévention 2.3. Quelle forme devrait prendre la promotion de la santé en Communauté germanophone ? 3. Définition des objectifs en matière de promotion de la santé 3.1. Approche structurelle 3.2. Approche personnalisée 4. Méthodes et stratégies 4.1. Mesures de communication personnalisée 4.1.1. Information 4.1.2. Programmes « Life skill » (promotion des compétences vitales) 4.1.3. Approche pédagogico-culturelle 4.1.4. Empowerment (participation citoyenne) 4.1.5. Multiplicateurs 4.2. Mesures structurelles (1) création de conditions-cadres promouvant la santé (2) réseaux (3) coopération et coordination 4.3. Approche par setting 4.4. Mesures de communication de masse 5. Critères de qualité 6.Formes de l'évaluation 7. Références et sources1.Quels sont les déterminants de la santé ? 1.1. Définition des principes de base 1.1.1. Qu'est-ce que l'homme ? L'homme est un être autonome capable de réflexion personnelle consciente, de planification, de conduite et évaluation ciblées de son propre comportement. (1) Il vise à satisfaire les besoins fondamentaux qui mènent à son bien-être physique, social, psychique et spirituel. (2) L'homme n'est pas isolé : il se trouve en perpétuelle interaction avec son environnement matériel et son environnement social, cherchant à assurer à travers eux sa survie et son épanouissement. (1) Pour la consultation du tableau, voir image 1.1.2. Qu'est-ce que la « maladie » ? (3) La notion de maladie implique différents aspects du fait de « ne pas être sain ».
Ainsi, la maladie est - une combinaison objective et constatable de symptômes et de caractéristiques physiques qui s'expliquent par des fonctions corporelles (bio-physiques) perturbées (= « disease ») - une expérience subjective de douleur et de plainte (= « illness ») - un rôle social avec des droits (pouvoir solliciter le système de solidarité) et des devoirs (chercher de l'aide) (= « sickness »).
L'homme malade a une « mission » socialement définie : il tente de se soigner ou du moins d'apprendre à vivre avec la maladie. (3) 1.1.3. Qu'est-ce que la « santé » ? La définition de la notion « santé » s'est modifiée au fil du temps. (4) En 1976, l'OMS donnait la définition suivante : « La santé est un état de complet bien-être, tant physique, mental et social et non pas seulement l'absence de maladies ou d'infirmités ». (Déjà modifiée dans la Charte d'Ottawa en 1986 : « La santé est un état de bien-être, tant physique, mental et social aussi bon que possible, tout homme devant avoir la chance de développer et d'utiliser des capacités, avec des libertés et choix aussi larges que possible. ») Cette notion empreinte de l'euphorie du possible d'après-guerre a connu une évolution manifeste au cours des deux dernières décennies, la conception socio-médicale moderne partant plutôt d'un processus dynamique, aussi appelé « homéostase », que l'individu tente en permanence d'établir avec son environnement afin d'optimaliser son bien-être.
Dans cette homéostase, quatre dimensions influencent l'état de santé individuel, à savoir les données bio-génétiques, les possibilités médico-techniques (santé publique), ainsi que le style de vie et les facteurs environnementaux.
Pour la consultation du tableau, voir image Dérivée de cette conception et fortement stimulée par l'OMS s'est également développée une conception moderne de la promotion de la santé. (4) Elle part de la question des conditions de genèse de la santé, au sens de la « salutogénèse » de Antonovsky. (7) page 97 « La perspective salutogénétique essaie de fournir une base d'explication à la signification des ressource personnelles pour la genèse, le maintien et le rétablissement de la santé ». Ebenda, p. 96 : « Du point de vue salutogénétique, la santé et la maladie ne sont pas considérées comme des états s'excluant l'un l'autre. Elles sont vues comme étant les pôles présumés d'un continuum santé-maladie. L'état de santé de chaque individu résulte de l'interaction dynamique entre des facteurs dommageables et des facteurs favorables voire protecteurs présents dans l'individu et dans son environnement. La balance entre les facteurs de risque et de protection, différemment stables et variables dans le temps, détermine le niveau de santé de chacun. » En résumé, l'on peut dire que l'état de santé est influencé par des données bio-génétiques, les possibilités médico-techniques, le style de vie et les facteurs environnementaux.
La genèse, le maintien et le rétablissement de la santé sont influencés par les ressources personnelles. 2. Comment peut-on promouvoir la santé ? 2.1. Qu'est-ce que la « promotion de la santé » ? (4) La Charte d'Ottawa de l'OMS, datant de 1986, stipule : « La promotion de la santé est le processus qui confère aux populations les moyens d'assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d'améliorer celle-ci.
Cette démarche relève d'un concept définissant la « santé » comme la mesure dans laquelle un groupe ou un individu peut d'une part, réaliser ses ambitions et satisfaire ses besoins et, d'autre part, évoluer avec le milieu ou s'adapter à celui-ci. La santé est donc perçue comme une ressource de la vie quotidienne, et non comme le but de la vie; il s'agit d'un concept positif mettant en valeur les ressources sociales et individuelles, ainsi que les capacités physiques. Ainsi donc, la promotion de la santé ne doit pas relever du seul secteur sanitaire mais implique l'ensemble des politiques : elle dépasse les modes de vie sains pour viser le bien-être. » Il s'en suit (5), page 24 : « L'OMS met l'accent sur la dimension sociale de la santé, où l'on devrait façonner l'environnement social et naturel en tenant compte des impératifs de santé. Elle met aussi l'accent sur la dimension personnelle qui consiste à faire en sorte que les compétences nécessaires soient transmises à tout individu afin qu'il puisse améliorer sa propre santé.
Un autre point de vue important concerne les missions à remplir en matière de promotion de la santé, missions qui n'incomberaient pas seulement aux professionnels mais bien à tous les citoyens et où l'organisation personnelle serait érigée en principe. Bien des groupes professionnels différents doivent encourager et soutenir l'organisation et la responsabilité personnelles en vue mener à l'émancipation sanitaire. » 2.2. Différence entre promotion de la santé et prévention « Au sens large, la promotion de la santé renferme toutes les mesures qui, dans le cadre d'une société, sont utiles à la santé, alors que la prévention (prophylaxie) vise déjà un objectif précis, à savoir la préservation de la santé ainsi que la prévention et le dépistage précoce de la maladie. » (4) Schéma (3) Pour la consultation du tableau, voir image La promotion de la santé va au-delà de la prévention, car elle englobe la dimension de la sensation subjective de la qualité de vie et de la liberté décisionnelle.
Remarque : La prévention est une notion plus ancienne qui existe toujours. La distinction qui était opérée auparavant entre prévention primaire, secondaire et tertiaire est toujours d'actualité. Les deux notions « promotion de la santé » et « prévention » se recoupent quant à leur contenu, en ce sens que les mesures préventives peuvent faire partie de la promotion de la santé, mais ne sont pas nécessairement les seules. La distinction majeure repose dans la participation du public-cible. Les actions préventives font partie intégrante de la promotion de la santé, à condition que la liberté décisionnelle de l'individu en tant que tel soit respectée. « La politique de l'OMS et la philosophie en matière de promotion de la santé telle que présentée ci-dessus se répercutent dans les objectifs du programme régional « Santé pour tous » que les pays faisant partie de la Région européenne de l'OMS se sont imposés et ont, les dernières années, revus en détail et accordés. Les objectifs se sont mus en une description de l'état de santé souhaitable, des facteurs promoteurs de santé, de la politique sanitaire et des principes d'action. Ils s'axent autour de quatre thèmes qui se conditionnent l'un l'autre et soutendent les 12 objectifs (...) : - assurer l'égalité des chances en matière de santé en comblant le fossé qui existe au niveau de l'état de santé entre les pays et entre les groupes à l'intérieur des pays; - rendre la vie plus digne d'être vécue en aidant l'homme à développer pleinement et à épuiser son potentiel physique, psychique et social; - vivre plus sainement en réduisant la maladie et le handicap; - vivre plus longtemps grâce à une meilleure espérance de vie » (OMS 1991 :6) (5) page 27 La promotion de la santé doit être vue comme un concept regroupant différentes mesures visant à améliorer, protéger et maintenir la santé. Plus spécialement, il n'existe pas de délimitation théorique nette et encore moins une délimitation pratique entre la promotion de la santé et la prévention de la maladie. La « promotion de la santé » intègre différentes mesures et approches telles que l'information, l'éducation et la consultation sanitaires. Les mesures préventives en font également partie.
La prévention n'est pas seulement judicieuse d'un point de vue d'économie politique parce qu'elle épargne des coûts en réduisant la morbidité et le temps perdu et en prévenant l'invalidité et la mortalité, elle l'est aussi au niveau individuel parce qu'elle aide à maintenir voire à améliorer la qualité de la vie en prévenant les maladies et/ou l'invalidité.
Tant les mesures préventives actuelles que futures ne sont dès lors aucunement superflues, mais doivent plutôt être comprises comme faisant partie intégrante de la promotion de la santé, à condition toutefois qu'elles s'orientent autant que possible d'après les principes de la promotion de la santé : action intersectorielle et interdisciplinaire, participation du public-cible, prise en compte des conditions de vie des personnes concernées. 2.3. Quelle forme devrait prendre la promotion de la santé en Communauté germanophone ? Remarque : En Communauté germanophone, les initiatives menées actuellement dans le secteur de la santé sont, à l'exception de quelques actions ponctuelles, menées principalement dans le domaine de la prévention (DKF, Inspection sanitaire, médecine du travail, centres de médecine scolaire) Les messages sanitaires répressifs contenant des « vérités objectives » négligent la part de responsabilité personnelle et n'induisent pas nécessairement une modification du comportement. Pour amener réellement à une modification du comportement, il est nécessaire de présenter les informations de manière interactive. L'homme devrait en être le centre en tant qu'individu, l'accent mis sur sa propre responsabilité. Cela lui renvoie la responsabilité quant à sa propre vie et ses circonstances de vie (pour autant qu'il puisse les influencer).
Il faut donc diffuser des messages positifs. Cette approche souligne la propre responsabilité de l'homme et insiste sur les possibilités plutôt que sur les obligations.
Dès lors, l'homme ne peut être réduit à son seul corps, car « c'est manifestement le vécu subjectif de l'individu qui décide si l'on se sent malade ou pas ». (Präventiv 07.01/p2) Etant donné que l'individu doit de ce fait être considéré avec ses circonstances de vie, des modèles qui veulent naïvement entraîner une modification du comportement (« modèle du tonneau vide », « modèle Goliath », « modèle des bombes à retardement ») ont peu de chances de succès. Contrairement à ces modèles, qui postulent qu'informer sur un comportement à risque conduit automatiquement à une modification du mode de vie, les concepts modernes de prévention de la santé se basent sur des théories et modèles psychologiques.
Quatre principes de base peuvent être dégagés (6) : « - modification par étapes du comportement en matière de santé, il s'agit d'un processus continu (health behaviour change occurs in stages); - la loi du moindre effort (law of minimal effort) implique qu'une décision est laissée à l'homme mais que la solution saine est facilitée; - le comportement observé (en matière de santé) dépend de schémas comportementaux sous-jacents (observable health behaviour is controlled by underlying mechanisms), c.-à-d. que le comportement n'est pas rationnel; - le comportement se fonde sur une interaction entre l'homme et son environnement (health behaviour is the result of an interaction between the individual and his environment). » Il est particulièrement important de soutenir l'organisation et la responsabilité personnelles pour conduire à l'émancipation sanitaire. 3. Définition des objectifs en matière de promotion de la santé En promotion de la santé, un projet ou une mesure est une réaction à un problème constaté.Un projet naît toujours d'une idée, qui est alors planifiée et mise en oeuvre. Les objectifs que l'on se fixe sont d'une importance primordiale : ils permettent de travailler de manière ciblée et de vérifier les résultats.
Afin de formuler des objectifs adaptés, une analyse de la situation de départ/de la situation problématique est indispensable. Lors de cette analyse du problème ou « évaluation diagnostique » (voir chapitre 6), les problèmes, mais aussi les objectifs et les ressources nécessaires sont énumérés et formulés. La planification des mesures intègre déjà l'évaluation ultérieure (voir chapitre 6) afin de garantir que toutes les données nécessaires soient collectées en cours de projet.
Les objectifs devraient être définis sur base d'une grille, afin de faciliter plus tard l'évaluation des objectifs atteints et non atteints. La grille suivante est proposée : - Finalité - But - Objectif Définitions : Finalité (Richtziel, gezondheisdoel, health goal) : La finalité est la motivation profonde, un idéal donnant la direction souhaitée. En fait, la finalité est inaccessible.
Exemple : empêcher de nouvelles contaminations par le SIDA But (Grobziel, strategisches Ziel, gezondheidsobjectief, health objective) : Les buts tracent les contours et structurent sommairement les domaines dans lesquels il faut agir afin de mettre le cap sur l'objectif. Ils reflètent d'une certaine manière des objectifs pratiques que l'on vise. Ils doivent être vérifiables.
Exemple : informer à plusieurs reprises sur le thème du SIDA Objectif (Feinziel, operationelles Ziel, gezondheidsdoelstelling, health target) Un objectif est la concrétisation d'une finalité. Il s'agit ici de « petits pas » qui doivent être clairement définis et délimités.
Exemple : après un an, x % des gens doivent avoir une connaissance suffisante du thème SIDA. A l'intérieur d'un objectif, des objectifs spécifiques (sous-objectifs ou objectifs secondaires) peuvent être définis, comme par exemple ici : augmenter le taux d'information sur le SIDA au sein d'un groupe-cible/sous-groupe déterminé.
Il est possible d'aborder la promotion de la santé à deux niveaux : le niveau structurel et le niveau personnel. 3.1. Approche structurelle L'approche structurelle se focalise sur la structure de l'offre sanitaire en tant que telle : réseaux, établissements tels que les écoles, les hôpitaux, les entreprises..., à savoir les différents « settings » (lieux de vie). (7) p.100 « Un setting est compris d'une part comme un système social qui intègre une multitude d'influences environnementales pertinentes sur un certain groupe de personnes et d'autre part comme un système où ces conditions de santé et de maladie peuvent aussi être façonnées. Sont désignés en premier lieu comme settings les communes, les écoles, les hôpitaux et les entreprises. » Exemples de définitions d'objectifs d'après la grille préétablie : finalité, but, objectif Pour la consultation du tableau, voir image 3.2. Approche personnalisée La promotion de la santé commence chez les gens, dans leur milieu de vie très concret. A ce niveau, la promotion de la santé s'oriente d'après les différents groupes-cibles : à l'homme en tant qu'individu ainsi qu'en tant que partie d'un groupe de personnes.
Pour la consultation du tableau, voir image Dans l'approche personnalisée, l'on travaille avec les différents groupes-cibles, les objectifs leur étant propres et applicables, par ex. : - les enfants et les jeunes, - les adultes, - les malades chroniques.
La promotion de la santé doit reposer sur une approche tant structurelle que personnalisée. 4. Méthodes et stratégies Au centre de la promotion de la santé se situe la promotion précoce et continue des ressources matérielles et sociales personnelles (facteurs protecteurs).L'approche orientée sur les ressources est complétée par des programmes de minimisation des facteurs de risque.
La promotion de la santé s'adresse aux hommes de tout âge. Elle est spécifique à des groupes-cibles et tient compte des modes et milieux de vie respectifs.
La promotion de la santé inclut de ce fait une multitude de mesures structurelles et de mesures en matière de communication personnalisée interdépendantes. 4.1. Mesures de communication personnalisée Relèvent des mesures de communication personnalisée : (1) l'information : L'information est une méthode pour promouvoir la santé.Elle augmente la connaissance et soutient les processus décisionnels rationnels.
Toutefois, l'information ne peut induire à elle seule une modification du comportement (problème de dissonance cognitive). L'information est certes nécessaire mais ne constitue pas une méthode suffisante pour promouvoir la santé et elle a besoin d'être complétée par d'autres méthodes plus radicales. (2) les programmes « Life skill » (promotion des compétences vitales) L'approche promouvant les compétences vitales renforce les aptitudes et les capacités dont les hommes ont besoin pour pouvoir faire face de manière constructive aux exigences et sollicitations de tous les jours (p.ex. efficacité personnelle, aptitude à gérer les conflits) et contribue ainsi à protéger la santé (approche orientée sur les ressources : renforcement des facteurs protecteurs de la santé).
Les programmes « Life skill » sont, au-delà de la nécessaire information, essentiellement orientés sur l'action. Ils offrent des programmes d'entraînement, voire ouvrent des champs d'expérimentation et d'apprentissage permettant à l'individu de développer ses facteurs protecteurs. Des évaluations de programmes « Life skill » montrent de bons résultats au niveau de la prise de position et du comportement.
De tels résultats présupposent à vrai dire des programmes de qualité.
Il est important de consacrer suffisamment de temps pour pouvoir inculquer/mettre en oeuvre et aussi ancrer de nouvelles expériences d'apprentissage, de nouveaux comportements.
Selon la thématique sanitaire (prévention de la toxicomanie, alimentation etc.), les programmes « Life skill » allient un renforcement des aptitudes générales de maîtrise (facteurs protecteurs de la santé) à la promotion de compétences propres au thème en question (p.ex. l'entraînement à la fermeté en ce qui concerne la prévention de la toxicomanie).
Les programmes « Life skill » constituent une approche centrée sur l'individu. Ils nécessitent en complément l'implication du milieu social du groupe-cible et une approche structurelle (p.ex. : poursuivre les programmes avec des élèves pour promouvoir la santé en coopération avec les parents; dans le cadre de la promotion de l'activité physique : aménagement de la cour de récréation afin de stimuler l'exercice physqiue de manière adéquate ou, dans le cadre de l'alimentation : kiosque, cafétéria... qui proposent des consommations appropriées). (3) l'approche pédagogico-culturelle de la promotion de la santé Une approche pédagogico-culturelle (p.ex. des projets pédagogiques de représentations théâtrales sur des thèmes relatifs à la santé) permet d'amener l'individu à une analyse personnelle intérieure (affective, pas seulement cognitive) d'une thématique sanitaire. Bien menée, elle peut favoriser une analyse profonde et permettre de nouvelles estimations/expériences allant au-delà d'une simple information cognitive. Les frontières sont atteintes lors du transfert dans la vie de tous les jours. Cette approche doit alors être complétée par une approche extensive orientée sur l'action.
Plus les participants sont impliqués personnellement dans le processus créatif, plus haute est la valeur personnelle. Des mesures qui accordent plutôt une position de spectateur aux participants (expositions, représentations théâtrales) peuvent donner une impulsion pour se laisser toucher par une problématique et susciter une disponibilité à l'analyser. (4) l'empowerment (participation citoyenne) En règle générale, les approches décrites ci-dessus sont menées par des spécialistes pour certains groupes-cibles.Il est important, en matière de promotion de la santé, d'impliquer non seulement des experts mais aussi des profanes. La participation citoyenne (cercles de santé dans les communes, groupements de parents, etc.) a pour avantage d'amener les intéressés à parler de l'importance que revêt pour eux la promotion de la santé, à travailler dans leur milieu de vie/leur quotidien à la maîtrise de questions qui leur paraissent importantes en matière de santé. Il devient plus facile de passer à une promotion structurelle de la santé. Les techniciens peuvent soutenir l'engagement citoyen en animant les processus, en jouant un rôle de catalyseur et, le cas échéant, en proposant une aide organisationnelle ou des inputs spécialisés. (5) les multiplicateurs Il est en outre important de mettre sur pied un réseau de multiplicateurs (personnes-clés) qui transmettent des contenus/mesures promouvant la santé, sont actifs en tant que concepteurs et animateurs de processus promouvant la santé.Il est sensé soutenir de manière spécialisée le travail des multiplicateurs (p.ex. entraînement à l'animation) et de garantir l'échange d'expériences entre les multiplicateurs. La mise sur pied de bons réseaux de multiplicateurs touche des aspects tant structurels que de communication personnalisée. 4.2. Mesures structurelles Relèvent des mesures structurelles : 1° la création de conditions-cadres promouvant la santé : Le but est d'organiser le milieu de vie et de travail des hommes de manière à ce que des conditions dommageables pour la santé soient supprimées et que des structures promouvant la santé soient développées.Quelques exemples : - dans les jardins d'enfants : des locaux qui permettent aux enfants d'expérimenter le calme/la détente et des chaises pour adultes afin que les éducateurs ne doivent pas s'asseoir sur des sièges pour enfants; - dans les écoles : un aménagement approprié des cours de récréation (favorisant l'activité physique, diminuant l'agressivité); - protection contre le bruit sur le lieu de travail : aménagement d'un poste de travail promouvant la santé; - commune : magasins « santé », oasis de calme, plans de circulation conçus dans l'optique de la protection contre le bruit; - proposer dans les lieux de restauration des boissons non alcoolisées à des prix plus intéressants que les boissons alcoolisées. 2° les réseaux Mise sur pied de réseaux (tant des réseaux de soutien social, p.ex. aide de proximité, que des réseaux de techniciens/organisations) 3° la coopération et la coordination La promotion de la santé concerne tous les lieux où les hommes vivent et travaillent, c'est pourquoi elle est du ressort de groupements sociaux les plus divers et de services spécialisés.Afin de relier les ressources matérielles et humaines et d'obtenir des synergies, il est essentiel de développer des structures coopératives et des cellules de coordination qualifiées. 4.3. Approche par setting Extrait de « Leitbegriffe der Gesundheitsförderung, BzgA, p.100) : « L'approche par setting (lieu de vie) se focalise sur les conditions-cadres dans lesquelles les hommes vivent, apprennent, travaillent et consomment. Elle est la réponse aux succès limités des activités traditionnelles en matière d'éducation sanitaire, lesquelles s'adressent à des personnes prises isolément au moyen d'information et de messages. Il a été tenu compte du fait que les problèmes de santé d'un groupe de population sont le résultat d'une relation bilatérale entre environnement économique, social et organisationnel d'un côté et le mode de vie personnel de l'autre. » (Exemples de settings : l'école, les entreprises, les hôpitaux, les communes).
L'approche par setting constitue donc une stratégie-clé pour la promotion de la santé. Elle est particulièrement apte à conjuguer les aspects structurels et les aspects de communication personnalisée.
Un exemple : Promotion de la santé sur le lieu de vie « école », thème « alimentation » Mesures pour les élèves, les enseignants et les parents (p.ex. poursuite du thème en milieu familial) Pause : kiosque proposant des consommations appropriées, déjeuner sain à l'école Implication de l'environnement : p.ex. lait frais provenant de la ferme voisine et non du supermarché 4.4. Mesures de communication de masse Des mesures de communication de masse peuvent contribuer à conforter des prises de position présentes (« je reste non-fumeur »), à construire des images (C'est ne pas fumer qui est tendance et non pas fumer) et ouvrir un débat public sur un thème. Des mesures de communication de masse doivent être « amorties » par des mesures de communication personnalisée et/ou des mesures structurelles. 5. Critères de qualité Afin de développer efficacement la promotion de la santé, les différentes approches doivent être coordonnées.Il faudrait de plus tenir compte de différents critères de qualité lors de la conception de mesures : une définition claire des objectifs Les objectifs des mesures doivent être déterminés de manière aussi concrète et réaliste que possible. Les critères suivants (smart) donnent une orientation sspécifique m mesurable a acceptable r réaliste t déterminé dans le temps adéquation entre objectif et méthode transfert dans la vie quotidienne Les mesures de communication personnalisée devraient également tenir compte, lors de la planification, du transfert p.ex. d'apprentissages dans la vie quotidienne du groupe-cible. moyen et long terme Les différentes mesures devraient s'imbriquer dans un concept global à moyen et long terme. En règle générale, les mesures appliquées de manière isolée ne servent pas à grand chose. documentation En vue de réfléchir et de planifier, mais aussi d'apporter des preuves aux bailleurs de fonds, il convient de fournir une documentation sur les aspects principaux des projets promouvant la santé (garantie de résultat). évaluation Ce sont particulièrement des mesures-modèles qui doivent être évaluées. Des auto-évaluations peuvent aussi, en pratique, apporter une aide à la réflexion et à la planification.
Des critères de qualité s'appliquent au développement de mesures en matière de promotion de la santé. 6. Formes d'évaluation « L'évaluation est l'appréciation de programmes et de mesures.Sont évalués les effets des mesures (examen d'effectivité, confrontation entre objectifs et succès) et le rapport coût/utilité des mesures (examen d'efficience, confrontation entre succès et investissement).
Pour ce faire, l'évaluation se sert des méthodes des sciences socio-économiques. En matière de promotion de la santé, l'on entend habituellement par évaluation l'appréciation du succès remporté par des mesures et des programmes. Les analyses coût/utilité pour vérifier l'efficience sont encore rares. » (7) L'évaluation prend plusieurs formes (8) : - L'évaluation diagnostique vise la récolte de données afin de déterminer des points d'attaque pour un projet (but et objectifs, groupe-cible, nature de la réalisation). Cette évaluation est parfois aussi appelée analyse de problème. Une évaluation diagnostique ne juge pas le projet et n'est donc pas une réelle évaluation, mais consiste plutôt en un examen de données en vue de soutenir un projet de manière empirique. - L'évaluation des effets répond aux questions suivantes : le projet a-t-il atteint l'objectif et a-t-il produit un effet mesurable ? L'on examine ce qui a changé après et à cause du projet par rapport à la situation antérieure. Cela suppose que l'on dispose d'objectifs clairs et concrets ainsi que de critères ou normes permettant de comparer les résultats de l'évaluation des effets du projet.
Si l'examen porte sur les effets à court terme, l'on parle d'évaluation de l'impact. Exemple : déterminants de modifications du comportement, comme p.ex. augmentation des connaissances, modification du point de vue ou de l'environnement.
Pour ce qui est de l'examen des effets à plus long terme ou au niveau de l'objectif final, l'on utilise la notion de « outcome evaluation » (évaluation de contenu). - L'évaluation du processus examine la mesure dans laquelle un projet a été mené du début à la fin et s'il l'a été comme prévu. Elle examine le processus et la qualité (points forts et points faibles) de la concrétisation du projet. Cela implique qu'en cours d'exécution, l'on examine si le projet se déroule comme prévu. Exemple : enregistrement des actions et activités et participation à celles-ci, évaluation du projet par les intéressés. L'évaluation du processus peut aider à comprendre l'effet (ou l'absence d'effet) de l'évaluation des effets.
Les résultats de l'évaluation du processus fournissent des informations pour l'adaptation régulière d'une intervention.
L'évaluation du produit est une forme particulière de l'évaluation du processus. Un projet débouche souvent sur un produit (CDRom, script).
L'évaluation du produit examine la manière dont le produit est perçu par le groupe-cible au moyen, par exemple, d'un pré-test du produit mis au point. - L'évaluation de l'efficience est une combinaison d'éléments de l'évaluation du processus et de l'évaluation des effets et fournit une appréciation économique du projet. L'évaluation de l'efficience est de plus en plus utilisée pour l'octroi de moyens financiers en santé publique. L'analyse coût/utilité calcule le rapport entre l'input (les coûts générés) et l'output du projet (ce qu'il a rapporté). L'analyse coût/effectivité examine quels sont les investissements nécessaires pour obtenir un effet précis.
Références : (1) Gesundheitsförderung in der Schule, Schriftenreihe « Lehrerfortbildung in Nordrhein-Westfalen« , Landesinstitut für Schule und Weiterbildung, 1.Auflage 1998. (2) Annemie Ernst, handschriftliche Notizen vom Beginn der Treffen.(3) VIG, Materialien zur « Basisopleiding Gezondheitsbevordering herfst 1999 ».(4) Begriffserklärung und Ansätze aus Sozial- und Präventivmedizin, Public Health F.Gutzwiller/O. Jeanneret, Verlag Hans Huber 1999, 2.
Auflage. (5) Gesundheitsförderung in der Pflege, Kohlhammer Studienbücher Krankenpflege, Marianne Brieskorn-Zinke, 1996.(6) Over psychologie en volksgezondheid, S.Maes, Gedrag&Gezondheid, 1993, 21, 4, p. 159. (7) Leitbegriffe der Gesundheitsförderung, Bundeszentrale für gesundheitliche Aufklärung, Reihe « Blickpunkt Gesundheit« , 1999.(8) VIGoureus, Tijdschrift van het Vlams Instituut voor Gezondheidspromotie, Jaargang 12, Nummer 3, September 2004. Vu pour être annexé à l'arrêté du 23 mars 2006 fixant le concept global de promotion de la santé en Communauté germanophone.
Eupen, le 23 mars 2006.
Pour le Gouvernement de la Communauté germanophone : Le Ministre-Président, Ministre des Pouvoirs locaux, K.-H. LAMBERTZ Le Vice-Ministre-Président, Ministre de la Formation et de l'Emploi, des Affaires sociales et du Tourisme, B. GENTGES Le Ministre de l'Enseignement et de la Recherche scientifique, O. PAASCH La Ministre de la Culture et des Médias, de la Protection des Monuments, de la Jeunesse et des Sports, Mme I. WEYKMANS