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le recours en annulation de la loi du 19 septembre 2017 « modifiant l'article 39/73-1 de la loi du 15
décembre 1980 sur l'accès au territoire, le séjour, l'éta La Cour constitutionnelle, composée
des présidents F. Daoût et A. Alen, et des juges L. Lavrysen(...)"
Extrait de l'arrêt n° 150/2019 du 24 octobre 2019 Numéro du rôle : 6922 En cause : le recours en annulation de la loi du 19 septembre 2017 « modifiant l'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au territoire, le séjour, l'éta La Cour constitutionnelle, composée des présidents F. Daoût et A. Alen, et des juges L. Lavrysen(...) | Extrait de l'arrêt n° 150/2019 du 24 octobre 2019 Numéro du rôle : 6922 En cause : le recours en annulation de la loi du 19 septembre 2017 « modifiant l'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au territoire, le séjour, l'éta La Cour constitutionnelle, composée des présidents F. Daoût et A. Alen, et des juges L. Lavrysen(...) |
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COUR CONSTITUTIONNELLE | COUR CONSTITUTIONNELLE |
Extrait de l'arrêt n° 150/2019 du 24 octobre 2019 | Extrait de l'arrêt n° 150/2019 du 24 octobre 2019 |
Numéro du rôle : 6922 | Numéro du rôle : 6922 |
En cause : le recours en annulation de la loi du 19 septembre 2017 « | En cause : le recours en annulation de la loi du 19 septembre 2017 « |
modifiant l'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès | modifiant l'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès |
au territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des | au territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des |
étrangers », introduit par l'Ordre des barreaux francophones et | étrangers », introduit par l'Ordre des barreaux francophones et |
germanophone. | germanophone. |
La Cour constitutionnelle, | La Cour constitutionnelle, |
composée des présidents F. Daoût et A. Alen, et des juges L. Lavrysen, | composée des présidents F. Daoût et A. Alen, et des juges L. Lavrysen, |
J.-P. Snappe, J.-P. Moerman, E. Derycke, T. Merckx-Van Goey, P. | J.-P. Snappe, J.-P. Moerman, E. Derycke, T. Merckx-Van Goey, P. |
Nihoul, T. Giet, R. Leysen, J. Moerman et M. Pâques, assistée du | Nihoul, T. Giet, R. Leysen, J. Moerman et M. Pâques, assistée du |
greffier F. Meersschaut, présidée par le président F. Daoût, | greffier F. Meersschaut, présidée par le président F. Daoût, |
après en avoir délibéré, rend l'arrêt suivant : | après en avoir délibéré, rend l'arrêt suivant : |
I. Objet du recours et procédure | I. Objet du recours et procédure |
Par requête adressée à la Cour par lettre recommandée à la poste le 4 | Par requête adressée à la Cour par lettre recommandée à la poste le 4 |
mai 2018 et parvenue au greffe le 7 mai 2018, l'Ordre des barreaux | mai 2018 et parvenue au greffe le 7 mai 2018, l'Ordre des barreaux |
francophones et germanophone, assisté et représenté par Me S. Sarolea | francophones et germanophone, assisté et représenté par Me S. Sarolea |
et Me. J. Hardy, avocats au barreau du Brabant wallon, a introduit un | et Me. J. Hardy, avocats au barreau du Brabant wallon, a introduit un |
recours en annulation de la loi du 19 septembre 2017 « modifiant | recours en annulation de la loi du 19 septembre 2017 « modifiant |
l'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au | l'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au |
territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers | territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers |
» (publiée au Moniteur belge du 6 novembre 2017). | » (publiée au Moniteur belge du 6 novembre 2017). |
(...) | (...) |
II. En droit | II. En droit |
(...) | (...) |
B.1.1. La partie requérante prend un moyen unique de la violation, par | B.1.1. La partie requérante prend un moyen unique de la violation, par |
l'article 2 de la loi du 19 septembre 2017 « modifiant l'article | l'article 2 de la loi du 19 septembre 2017 « modifiant l'article |
39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au territoire, le | 39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au territoire, le |
séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers » (ci-après : | séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers » (ci-après : |
la loi du 19 septembre 2017), des articles 10, 11 et 191 de la | la loi du 19 septembre 2017), des articles 10, 11 et 191 de la |
Constitution, lus isolément ou en combinaison avec les articles 3, 6, | Constitution, lus isolément ou en combinaison avec les articles 3, 6, |
8 et 13 de la Convention européenne des droits de l'homme et avec les | 8 et 13 de la Convention européenne des droits de l'homme et avec les |
articles 4, 7 et 47 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union | articles 4, 7 et 47 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union |
européenne. | européenne. |
Elle reproche en substance au nouveau régime de sanction pour recours | Elle reproche en substance au nouveau régime de sanction pour recours |
abusif devant le Conseil du contentieux des étrangers (ci-après : le | abusif devant le Conseil du contentieux des étrangers (ci-après : le |
Conseil) de violer le principe d'égalité et de non-discrimination | Conseil) de violer le principe d'égalité et de non-discrimination |
garanti par les articles 10 et 11 de la Constitution, lus en | garanti par les articles 10 et 11 de la Constitution, lus en |
combinaison avec les articles précités de la Convention européenne des | combinaison avec les articles précités de la Convention européenne des |
droits de l'homme et de la Charte des droits fondamentaux de l'Union | droits de l'homme et de la Charte des droits fondamentaux de l'Union |
européenne, de porter une atteinte disproportionnée au droit au | européenne, de porter une atteinte disproportionnée au droit au |
respect de la vie privée et familiale, au droit à un recours effectif, | respect de la vie privée et familiale, au droit à un recours effectif, |
au droit à une procédure équitable, aux droits de la défense, ainsi | au droit à une procédure équitable, aux droits de la défense, ainsi |
qu'au droit de ne pas être soumis à des traitements inhumains et | qu'au droit de ne pas être soumis à des traitements inhumains et |
dégradants. | dégradants. |
B.1.2. L'article 2 de la loi du 19 septembre 2017 dispose : | B.1.2. L'article 2 de la loi du 19 septembre 2017 dispose : |
« L'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au | « L'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au |
territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers, | territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers, |
inséré par la loi du 29 décembre 2010 est remplacé par ce qui suit : | inséré par la loi du 29 décembre 2010 est remplacé par ce qui suit : |
' Lorsque des indices font apparaître que le recours introduit est | ' Lorsque des indices font apparaître que le recours introduit est |
manifestement abusif, le Conseil inclut d'office ce constat dans les | manifestement abusif, le Conseil inclut d'office ce constat dans les |
discussions lors de l'examen de ce recours. Il permet aux parties | discussions lors de l'examen de ce recours. Il permet aux parties |
présentes à l'audience de faire valoir leurs observations en la | présentes à l'audience de faire valoir leurs observations en la |
matière et peut, à cette fin, suspendre l'audience s'il échet. Le | matière et peut, à cette fin, suspendre l'audience s'il échet. Le |
Conseil peut, au besoin, également se prononcer sur le recours | Conseil peut, au besoin, également se prononcer sur le recours |
introduit et, dans son arrêt, fixer une nouvelle date d'audience en | introduit et, dans son arrêt, fixer une nouvelle date d'audience en |
vue de poursuivre les débats sur le caractère manifestement abusif du | vue de poursuivre les débats sur le caractère manifestement abusif du |
recours. | recours. |
Dans la notification d'une ordonnance de fixation d'audience, il est | Dans la notification d'une ordonnance de fixation d'audience, il est |
attiré l'attention sur la possible ouverture d'une enquête quant au | attiré l'attention sur la possible ouverture d'une enquête quant au |
caractère non abusif du recours par la mention du présent article. | caractère non abusif du recours par la mention du présent article. |
Le Conseil peut imposer une amende chaque fois qu'il estime qu'un | Le Conseil peut imposer une amende chaque fois qu'il estime qu'un |
recours manifestement abusif a été introduit. | recours manifestement abusif a été introduit. |
L'arrêt qui prononce l'amende est en tout cas réputé contradictoire. | L'arrêt qui prononce l'amende est en tout cas réputé contradictoire. |
Le montant de l'amende, s'élevant au minimum à 125 euros et au maximum | Le montant de l'amende, s'élevant au minimum à 125 euros et au maximum |
à 2.500 euros, est déterminé par le Conseil. | à 2.500 euros, est déterminé par le Conseil. |
Chaque année au 1er janvier, les montants visés à l'alinéa 5 sont | Chaque année au 1er janvier, les montants visés à l'alinéa 5 sont |
adaptés de plein droit à l'évolution de l'indice des prix à la | adaptés de plein droit à l'évolution de l'indice des prix à la |
consommation selon la formule suivante: le montant de base, multiplié | consommation selon la formule suivante: le montant de base, multiplié |
par le nouvel indice et divisé par l'indice de départ. Le nouvel | par le nouvel indice et divisé par l'indice de départ. Le nouvel |
indice est l'indice des prix à la consommation du mois de décembre de | indice est l'indice des prix à la consommation du mois de décembre de |
l'année précédant l'année dans laquelle les montants conformément à | l'année précédant l'année dans laquelle les montants conformément à |
l'alinéa 5 sont adaptés. L'indice de départ est l'indice du mois de | l'alinéa 5 sont adaptés. L'indice de départ est l'indice du mois de |
novembre 2017. Le résultat obtenu est arrondi à l'euro supérieur si la | novembre 2017. Le résultat obtenu est arrondi à l'euro supérieur si la |
partie décimale est supérieure ou égale à cinquante cents. Il est | partie décimale est supérieure ou égale à cinquante cents. Il est |
arrondi à l'euro inférieur si la partie décimale est inférieure à | arrondi à l'euro inférieur si la partie décimale est inférieure à |
cinquante cents. | cinquante cents. |
Le Roi fixe par arrêté délibéré en Conseil des ministres les modalités | Le Roi fixe par arrêté délibéré en Conseil des ministres les modalités |
de perception de l'amende. | de perception de l'amende. |
L'arrêt prononçant le caractère manifestement abusif du recours et | L'arrêt prononçant le caractère manifestement abusif du recours et |
imposant éventuellement une amende est, si la partie requérante était | imposant éventuellement une amende est, si la partie requérante était |
assistée d'un avocat, également notifié au bâtonnier compétent et au | assistée d'un avocat, également notifié au bâtonnier compétent et au |
président du bureau d'aide juridique ». | président du bureau d'aide juridique ». |
B.2.1. Le Conseil des ministres excipe de l'irrecevabilité ratione | B.2.1. Le Conseil des ministres excipe de l'irrecevabilité ratione |
materiae du recours en ce qu'il vise les articles 3, 6, 8 et 13 de la | materiae du recours en ce qu'il vise les articles 3, 6, 8 et 13 de la |
Convention européenne des droits de l'homme et les articles 4, 7 et 47 | Convention européenne des droits de l'homme et les articles 4, 7 et 47 |
de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, pris | de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, pris |
isolément, dès lors que ces normes internationales ne sont pas, en | isolément, dès lors que ces normes internationales ne sont pas, en |
soi, des normes de référence pour la Cour. Il ajoute que le moyen | soi, des normes de référence pour la Cour. Il ajoute que le moyen |
n'indique pas la manière dont ces dispositions seraient violées par la | n'indique pas la manière dont ces dispositions seraient violées par la |
disposition attaquée. | disposition attaquée. |
B.2.2. Il ressort de la requête et des développements dans chacune des | B.2.2. Il ressort de la requête et des développements dans chacune des |
branches du moyen unique que, d'une part, la partie requérante | branches du moyen unique que, d'une part, la partie requérante |
articule à plusieurs reprises l'examen des dispositions | articule à plusieurs reprises l'examen des dispositions |
internationales dont elle invoque la violation avec les articles 10, | internationales dont elle invoque la violation avec les articles 10, |
11 et 191 de la Constitution et que, d'autre part, elle expose en quoi | 11 et 191 de la Constitution et que, d'autre part, elle expose en quoi |
la disposition attaquée viole les dispositions de la Convention | la disposition attaquée viole les dispositions de la Convention |
européenne des droits de l'homme et celles de la Charte des droits | européenne des droits de l'homme et celles de la Charte des droits |
fondamentaux de l'Union européenne. | fondamentaux de l'Union européenne. |
L'exception ratione materiae est rejetée. | L'exception ratione materiae est rejetée. |
B.2.3. Le Conseil des ministres excipe également de l'irrecevabilité | B.2.3. Le Conseil des ministres excipe également de l'irrecevabilité |
ratione temporis du recours en ce que la partie requérante remettrait | ratione temporis du recours en ce que la partie requérante remettrait |
en cause le principe même de l'amende pour recours manifestement | en cause le principe même de l'amende pour recours manifestement |
abusif, alors que la disposition attaquée ne ferait que « réviser » | abusif, alors que la disposition attaquée ne ferait que « réviser » |
les modalités de la procédure existante qui permet au Conseil | les modalités de la procédure existante qui permet au Conseil |
d'infliger une telle amende. | d'infliger une telle amende. |
B.2.4. Il ressort expressément du texte de l'article 2, précité, de la | B.2.4. Il ressort expressément du texte de l'article 2, précité, de la |
loi du 19 septembre 2017, que la disposition attaquée « remplace » | loi du 19 septembre 2017, que la disposition attaquée « remplace » |
l'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 « sur l'accès au | l'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 « sur l'accès au |
territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers | territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers |
» (ci-après : la loi du 15 décembre 1980), tel qu'il avait été inséré | » (ci-après : la loi du 15 décembre 1980), tel qu'il avait été inséré |
par la loi du 29 décembre 2010. Non seulement, en effet, le | par la loi du 29 décembre 2010. Non seulement, en effet, le |
législateur a formulé autrement la possibilité de prononcer une amende | législateur a formulé autrement la possibilité de prononcer une amende |
pour recours manifestement abusif, mais il a en outre modifié le | pour recours manifestement abusif, mais il a en outre modifié le |
régime de cette amende, d'une part, en décrivant la procédure | régime de cette amende, d'une part, en décrivant la procédure |
applicable devant le Conseil ainsi que la mise en oeuvre des modalités | applicable devant le Conseil ainsi que la mise en oeuvre des modalités |
de perception de l'amende par le Roi et, d'autre part, en énumérant | de perception de l'amende par le Roi et, d'autre part, en énumérant |
dans les travaux préparatoires une série d'hypothèses qui pourraient | dans les travaux préparatoires une série d'hypothèses qui pourraient |
conduire le Conseil à prononcer pareille amende. | conduire le Conseil à prononcer pareille amende. |
L'exception ratione temporis est rejetée. | L'exception ratione temporis est rejetée. |
B.3.1. L'exposé des motifs de la disposition attaquée précise : | B.3.1. L'exposé des motifs de la disposition attaquée précise : |
« L'actuel projet entend lutter contre les recours manifestement | « L'actuel projet entend lutter contre les recours manifestement |
abusifs introduits devant le Conseil du contentieux des étrangers. Il | abusifs introduits devant le Conseil du contentieux des étrangers. Il |
s'inscrit dans l'accord du 9 octobre 2014 qui prévoit que ' la lutte | s'inscrit dans l'accord du 9 octobre 2014 qui prévoit que ' la lutte |
contre les abus sera poursuivie par le maintien d'un juste équilibre | contre les abus sera poursuivie par le maintien d'un juste équilibre |
entre les droits et les devoirs et dans le respect de ceux qui | entre les droits et les devoirs et dans le respect de ceux qui |
accueillent et de ceux qui arrivent '. | accueillent et de ceux qui arrivent '. |
L'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au | L'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au |
territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers | territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers |
(ci-après : la loi sur les étrangers) prévoit la possibilité, pour le | (ci-après : la loi sur les étrangers) prévoit la possibilité, pour le |
Conseil du contentieux des étrangers (ci-après : le Conseil), | Conseil du contentieux des étrangers (ci-après : le Conseil), |
d'imposer une amende du chef d'un recours manifestement abusif. Le | d'imposer une amende du chef d'un recours manifestement abusif. Le |
présent projet de loi vise à simplifier la procédure existante et à la | présent projet de loi vise à simplifier la procédure existante et à la |
rendre plus efficace, tout en garantissant pleinement les droits de la | rendre plus efficace, tout en garantissant pleinement les droits de la |
défense. Par ailleurs, des critères sont fixés dans l'exposé des | défense. Par ailleurs, des critères sont fixés dans l'exposé des |
motifs pour déterminer le montant de l'amende. | motifs pour déterminer le montant de l'amende. |
En simplifiant la procédure existante et en la rendant plus efficace, | En simplifiant la procédure existante et en la rendant plus efficace, |
les juges devraient davantage se servir de cette possibilité offerte | les juges devraient davantage se servir de cette possibilité offerte |
par la loi pour lutter contre les abus et réduire ainsi leur nombre. | par la loi pour lutter contre les abus et réduire ainsi leur nombre. |
Dans le cas d'un recours introduit de manière abusive, l'ancien | Dans le cas d'un recours introduit de manière abusive, l'ancien |
article 39/73-1 prévoyait de clore la procédure de recours par un | article 39/73-1 prévoyait de clore la procédure de recours par un |
arrêt convoquant à nouveau les parties pour un autre débat sur | arrêt convoquant à nouveau les parties pour un autre débat sur |
l'éventuelle imposition d'une amende. | l'éventuelle imposition d'une amende. |
Le nouvel article 39/73-1 donne au Conseil la possibilité de mener un | Le nouvel article 39/73-1 donne au Conseil la possibilité de mener un |
débat sur l'éventualité d'un recours introduit de manière abusive et | débat sur l'éventualité d'un recours introduit de manière abusive et |
sur l'imposition d'une amende pendant l'audience au cours de laquelle | sur l'imposition d'une amende pendant l'audience au cours de laquelle |
le recours est examiné. Il n'est donc plus nécessaire d'organiser une | le recours est examiné. Il n'est donc plus nécessaire d'organiser une |
audience supplémentaire. | audience supplémentaire. |
En outre, des critères ont à présent été fixés dans l'exposé des | En outre, des critères ont à présent été fixés dans l'exposé des |
motifs afin que le juge puisse déterminer le montant exact de l'amende | motifs afin que le juge puisse déterminer le montant exact de l'amende |
infligée. Pour déterminer ces critères, il a été décidé de se baser | infligée. Pour déterminer ces critères, il a été décidé de se baser |
sur la nature de l'irrégularité constatée et sur l'impact que le | sur la nature de l'irrégularité constatée et sur l'impact que le |
recours abusif a eu ou a pu avoir. | recours abusif a eu ou a pu avoir. |
Enfin, le nouvel article 39/73-1 comprend à présent également la | Enfin, le nouvel article 39/73-1 comprend à présent également la |
pratique existante selon laquelle une copie de l'arrêt prononçant une | pratique existante selon laquelle une copie de l'arrêt prononçant une |
amende doit également être notifiée au bâtonnier compétent. Le fait | amende doit également être notifiée au bâtonnier compétent. Le fait |
que le Conseil constate qu'un recours a manifestement été introduit | que le Conseil constate qu'un recours a manifestement été introduit |
abusivement peut en effet aussi avoir des conséquences pour l'avocat | abusivement peut en effet aussi avoir des conséquences pour l'avocat |
qui, après avoir été consulté par la partie requérante, a introduit le | qui, après avoir été consulté par la partie requérante, a introduit le |
recours. Cet avocat ne pourra plus réclamer l'octroi d'une | recours. Cet avocat ne pourra plus réclamer l'octroi d'une |
indemnisation dans le cadre de l'aide juridique de deuxième ligne (cf. | indemnisation dans le cadre de l'aide juridique de deuxième ligne (cf. |
l'arrêté ministériel du 19 juillet 2016 fixant la nomenclature des | l'arrêté ministériel du 19 juillet 2016 fixant la nomenclature des |
points pour les prestations effectuées par les avocats chargés de | points pour les prestations effectuées par les avocats chargés de |
l'aide juridique de deuxième ligne partiellement ou complètement | l'aide juridique de deuxième ligne partiellement ou complètement |
gratuite), et les constatations du Conseil peuvent éventuellement | gratuite), et les constatations du Conseil peuvent éventuellement |
constituer une raison d'engager une procédure disciplinaire » (Doc. | constituer une raison d'engager une procédure disciplinaire » (Doc. |
parl., Chambre, 2016-2017, DOC 54-2491/001, pp. 3 et 4). | parl., Chambre, 2016-2017, DOC 54-2491/001, pp. 3 et 4). |
B.3.2. Le régime de sanction établi par la disposition attaquée vise à | B.3.2. Le régime de sanction établi par la disposition attaquée vise à |
décourager les recours manifestement abusifs dans le contentieux des | décourager les recours manifestement abusifs dans le contentieux des |
étrangers en simplifiant la procédure et permet ainsi d'infliger une | étrangers en simplifiant la procédure et permet ainsi d'infliger une |
amende pour recours abusif pendant l'audience au cours de laquelle le | amende pour recours abusif pendant l'audience au cours de laquelle le |
recours est examiné. Les travaux préparatoires mentionnent à ce sujet | recours est examiné. Les travaux préparatoires mentionnent à ce sujet |
: | : |
« Il n'est donc plus nécessaire, comme l'ancien article 39/73-1 le | « Il n'est donc plus nécessaire, comme l'ancien article 39/73-1 le |
prévoyait, de clore la procédure d'appel par un arrêt convoquant à | prévoyait, de clore la procédure d'appel par un arrêt convoquant à |
nouveau les parties pour un autre débat sur l'éventuelle imposition | nouveau les parties pour un autre débat sur l'éventuelle imposition |
d'une amende. | d'une amende. |
Cette simplification s'impose dès lors que la pratique a montré que | Cette simplification s'impose dès lors que la pratique a montré que |
l'article 39/73-1 est peu appliqué. Depuis 2011, seuls vingt arrêts | l'article 39/73-1 est peu appliqué. Depuis 2011, seuls vingt arrêts |
prononçant une amende ont été rendus. Compte tenu de la charge de | prononçant une amende ont été rendus. Compte tenu de la charge de |
travail considérable du Conseil et du fait que les coûts liés à | travail considérable du Conseil et du fait que les coûts liés à |
l'organisation d'une audience distincte dépassent souvent le montant | l'organisation d'une audience distincte dépassent souvent le montant |
de l'amende qui peut être imposée, les parties ne sont plus à nouveau | de l'amende qui peut être imposée, les parties ne sont plus à nouveau |
convoquées en vue d'imposer une amende dans certains cas, même s'il | convoquées en vue d'imposer une amende dans certains cas, même s'il |
est manifestement question d'un recours abusif » (ibid., p. 5). | est manifestement question d'un recours abusif » (ibid., p. 5). |
B.4. Les trois premières branches du moyen unique sont prises de la | B.4. Les trois premières branches du moyen unique sont prises de la |
violation, par l'article 2, attaqué, de la loi du 19 septembre 2017, | violation, par l'article 2, attaqué, de la loi du 19 septembre 2017, |
des articles 10, 11 et 191 de la Constitution, lus isolément ou en | des articles 10, 11 et 191 de la Constitution, lus isolément ou en |
combinaison, notamment, avec l'article 6 de la Convention européenne | combinaison, notamment, avec l'article 6 de la Convention européenne |
des droits de l'homme et avec l'article 47 de la Charte des droits | des droits de l'homme et avec l'article 47 de la Charte des droits |
fondamentaux de l'Union européenne. | fondamentaux de l'Union européenne. |
La partie requérante considère que le régime de l'amende pour recours | La partie requérante considère que le régime de l'amende pour recours |
administratif abusif mis en place par la disposition attaquée porte | administratif abusif mis en place par la disposition attaquée porte |
une atteinte disproportionnée au droit à un recours effectif. | une atteinte disproportionnée au droit à un recours effectif. |
Elle soutient d'abord que, contrairement à ce que la Cour a jugé par | Elle soutient d'abord que, contrairement à ce que la Cour a jugé par |
son arrêt n° 88/2012 du 12 juillet 2012 et contrairement à l'avis du | son arrêt n° 88/2012 du 12 juillet 2012 et contrairement à l'avis du |
Conseil d'Etat qui a précédé le projet de loi, l'article 2 de la loi | Conseil d'Etat qui a précédé le projet de loi, l'article 2 de la loi |
du 19 septembre 2017 n'oblige pas le Conseil à fixer une seconde | du 19 septembre 2017 n'oblige pas le Conseil à fixer une seconde |
audience pour examiner le caractère manifestement abusif du recours. | audience pour examiner le caractère manifestement abusif du recours. |
Elle ajoute que l'exercice des droits de la défense est | Elle ajoute que l'exercice des droits de la défense est |
particulièrement compromis par la disposition attaquée dès lors que, | particulièrement compromis par la disposition attaquée dès lors que, |
d'une part, c'est au Conseil qu'il appartient de décider s'il y a lieu | d'une part, c'est au Conseil qu'il appartient de décider s'il y a lieu |
de fixer une seconde audience et que, d'autre part, c'est ce même | de fixer une seconde audience et que, d'autre part, c'est ce même |
Conseil qui doit juger du caractère manifestement abusif du recours. | Conseil qui doit juger du caractère manifestement abusif du recours. |
La partie requérante soutient aussi que la notion de « recours | La partie requérante soutient aussi que la notion de « recours |
manifestement abusif » serait floue et incertaine et serait de ce fait | manifestement abusif » serait floue et incertaine et serait de ce fait |
source de discrimination. Elle ajoute que la disposition attaquée | source de discrimination. Elle ajoute que la disposition attaquée |
violerait le droit à un procès équitable et les droits de la défense, | violerait le droit à un procès équitable et les droits de la défense, |
notamment parce que la décision d'imposer une sanction peut être prise | notamment parce que la décision d'imposer une sanction peut être prise |
à l'issue d'une seule audience, par un arrêt réputé contradictoire, | à l'issue d'une seule audience, par un arrêt réputé contradictoire, |
sans qu'une information suffisante et préalable à cette audience ait | sans qu'une information suffisante et préalable à cette audience ait |
dû être donnée. | dû être donnée. |
B.5.1. Avant son remplacement par la disposition attaquée, l'article | B.5.1. Avant son remplacement par la disposition attaquée, l'article |
39/73-1 de la loi du 15 septembre 1980 disposait : | 39/73-1 de la loi du 15 septembre 1980 disposait : |
« Si le Conseil estime qu'une amende pour recours manifestement abusif | « Si le Conseil estime qu'une amende pour recours manifestement abusif |
peut être justifiée, l'arrêt qu'il prononce en ce sens fixe une | peut être justifiée, l'arrêt qu'il prononce en ce sens fixe une |
audience à une date rapprochée. | audience à une date rapprochée. |
L'arrêt est notifié aux parties. | L'arrêt est notifié aux parties. |
L'arrêt qui prononce l'amende est en tout cas réputé contradictoire. | L'arrêt qui prononce l'amende est en tout cas réputé contradictoire. |
L'amende peut être de 125 à 2.500 euros. Chaque année, le Roi adapte | L'amende peut être de 125 à 2.500 euros. Chaque année, le Roi adapte |
ces montants en fonction de l'évolution de l'indice des prix à la | ces montants en fonction de l'évolution de l'indice des prix à la |
consommation. | consommation. |
Le Roi fixe par arrêté délibéré en Conseil des ministres, les | Le Roi fixe par arrêté délibéré en Conseil des ministres, les |
modalités relatives au recouvrement de l'amende ». | modalités relatives au recouvrement de l'amende ». |
B.5.2. Par son arrêt n° 88/2012 du 12 juillet 2012, la Cour a jugé : | B.5.2. Par son arrêt n° 88/2012 du 12 juillet 2012, la Cour a jugé : |
« B.22.1. Le droit fondamental d'accès au juge ne comprend pas le | « B.22.1. Le droit fondamental d'accès au juge ne comprend pas le |
droit d'utiliser les procédures existantes à des fins manifestement | droit d'utiliser les procédures existantes à des fins manifestement |
abusives. Toutefois, en raison de la limitation de ce droit | abusives. Toutefois, en raison de la limitation de ce droit |
fondamental que peut constituer l'imposition d'une amende pour recours | fondamental que peut constituer l'imposition d'une amende pour recours |
manifestement abusif, cette notion doit faire l'objet d'une | manifestement abusif, cette notion doit faire l'objet d'une |
interprétation restrictive. Un requérant ne pourrait se voir infliger | interprétation restrictive. Un requérant ne pourrait se voir infliger |
une amende pour la seule raison que le recours qu'il a introduit | une amende pour la seule raison que le recours qu'il a introduit |
n'avait que très peu de chances d'aboutir à une décision favorable; la | n'avait que très peu de chances d'aboutir à une décision favorable; la |
possibilité, même théorique, qu'une décision lui donnant satisfaction | possibilité, même théorique, qu'une décision lui donnant satisfaction |
soit prononcée suffit à faire échapper le recours à la qualification | soit prononcée suffit à faire échapper le recours à la qualification |
de ' manifestement abusif '. | de ' manifestement abusif '. |
B.22.2. En ce sens, le Conseil d'Etat considère que ' le prononcé | B.22.2. En ce sens, le Conseil d'Etat considère que ' le prononcé |
d'une amende pour recours manifestement abusif constitue une | d'une amende pour recours manifestement abusif constitue une |
limitation du droit fondamental d'ester en justice [et] que, de ce | limitation du droit fondamental d'ester en justice [et] que, de ce |
fait, la notion de ' recours manifestement abusif ' inscrite à | fait, la notion de ' recours manifestement abusif ' inscrite à |
l'article 37 des lois coordonnées sur le Conseil d'Etat doit être | l'article 37 des lois coordonnées sur le Conseil d'Etat doit être |
interprétée restrictivement ' (arrêt no 123.211 du 22 septembre 2003) | interprétée restrictivement ' (arrêt no 123.211 du 22 septembre 2003) |
et qu'il s'en déduit que le droit d'accès au juge ne peut ' connaître | et qu'il s'en déduit que le droit d'accès au juge ne peut ' connaître |
de limitation que si l'abus est manifeste ' (arrêt n° 126.770 du 23 | de limitation que si l'abus est manifeste ' (arrêt n° 126.770 du 23 |
décembre 2003). Il précise que ' le seul fait que le requérant défende | décembre 2003). Il précise que ' le seul fait que le requérant défende |
ses droits et attaque des décisions qu'il juge irrégulières n'est en | ses droits et attaque des décisions qu'il juge irrégulières n'est en |
tout cas pas constitutif d'un recours manifestement abusif ' (arrêt n° | tout cas pas constitutif d'un recours manifestement abusif ' (arrêt n° |
207.185 du 2 septembre 2010). La jurisprudence du Conseil d'Etat | 207.185 du 2 septembre 2010). La jurisprudence du Conseil d'Etat |
indique encore que constitue un recours manifestement abusif le | indique encore que constitue un recours manifestement abusif le |
recours introduit ' non dans l'espoir, fût-il ténu, d'obtenir ce que | recours introduit ' non dans l'espoir, fût-il ténu, d'obtenir ce que |
la loi permet qu'il procure, mais dans l'unique but de conférer une | la loi permet qu'il procure, mais dans l'unique but de conférer une |
apparence litigieuse fallacieuse à une situation de séjour irrégulière | apparence litigieuse fallacieuse à une situation de séjour irrégulière |
' (arrêt n° 126.770 du 23 décembre 2003), ou un recours ' qui tend | ' (arrêt n° 126.770 du 23 décembre 2003), ou un recours ' qui tend |
manifestement à retarder l'exécution d'une décision administrative de | manifestement à retarder l'exécution d'une décision administrative de |
toute évidence légitime ou qui n'est manifestement pas introduit dans | toute évidence légitime ou qui n'est manifestement pas introduit dans |
le but d'obtenir une décision sur le fond même de la prétention ' | le but d'obtenir une décision sur le fond même de la prétention ' |
(arrêts n° 136.149 du 15 octobre 2004 et n° 176.452 du 6 novembre | (arrêts n° 136.149 du 15 octobre 2004 et n° 176.452 du 6 novembre |
2007). | 2007). |
L'abus de procédure peut être déduit ' dans le chef des requérants | L'abus de procédure peut être déduit ' dans le chef des requérants |
d'une mauvaise foi, d'un but de nuire ou de tromper ou d'une | d'une mauvaise foi, d'un but de nuire ou de tromper ou d'une |
argumentation fantaisiste et manifestement mal fondée ' lorsque le | argumentation fantaisiste et manifestement mal fondée ' lorsque le |
dossier révèle ' des manoeuvres répréhensibles qui sont | dossier révèle ' des manoeuvres répréhensibles qui sont |
personnellement imputables ' aux requérants (arrêt n° 136.149 du 15 | personnellement imputables ' aux requérants (arrêt n° 136.149 du 15 |
octobre 2004), une ' tentative de tromper le Conseil d'Etat en | octobre 2004), une ' tentative de tromper le Conseil d'Etat en |
produisant un document contrefait ' (arrêt n° 176.452 du 6 novembre | produisant un document contrefait ' (arrêt n° 176.452 du 6 novembre |
2007) ou lorsque le recours ' repose sur des déclarations mensongères | 2007) ou lorsque le recours ' repose sur des déclarations mensongères |
dont [la requérante] porte seule la responsabilité ' (arrêt n° 175.786 | dont [la requérante] porte seule la responsabilité ' (arrêt n° 175.786 |
du 16 octobre 2007). Enfin, le Conseil d'Etat a encore eu l'occasion | du 16 octobre 2007). Enfin, le Conseil d'Etat a encore eu l'occasion |
de préciser qu'une ' amende, comme toute sanction, ne peut, par | de préciser qu'une ' amende, comme toute sanction, ne peut, par |
nature, frapper que la personne qui a commis l'acte que la sanction | nature, frapper que la personne qui a commis l'acte que la sanction |
tend à réprimer; que nul ne peut être sanctionné pour une infraction | tend à réprimer; que nul ne peut être sanctionné pour une infraction |
qu'il n'a pas commise ou à laquelle il n'a pas sciemment et librement | qu'il n'a pas commise ou à laquelle il n'a pas sciemment et librement |
collaboré ' et qu'il se déduit de ce principe fondamental que l'amende | collaboré ' et qu'il se déduit de ce principe fondamental que l'amende |
pour recours abusif ne peut être infligée au requérant lorsqu'il lui | pour recours abusif ne peut être infligée au requérant lorsqu'il lui |
était impossible, vu sa méconnaissance du droit belge et le fait qu'il | était impossible, vu sa méconnaissance du droit belge et le fait qu'il |
a fait confiance à son avocat, de déceler ce caractère (arrêt n° | a fait confiance à son avocat, de déceler ce caractère (arrêt n° |
126.770 du 23 décembre 2003). | 126.770 du 23 décembre 2003). |
B.22.3. Il découle de ce qui précède que l'amende pour recours | B.22.3. Il découle de ce qui précède que l'amende pour recours |
manifestement abusif ne peut être infligée à un requérant que lorsque | manifestement abusif ne peut être infligée à un requérant que lorsque |
la juridiction constate que le recours est introduit de mauvaise foi | la juridiction constate que le recours est introduit de mauvaise foi |
ou dans un but de nuire ou de tromper ou résulte de manoeuvres | ou dans un but de nuire ou de tromper ou résulte de manoeuvres |
répréhensibles, qui sont directement imputables au requérant lui-même | répréhensibles, qui sont directement imputables au requérant lui-même |
ou que le recours n'est pas introduit dans le but d'obtenir la fin que | ou que le recours n'est pas introduit dans le but d'obtenir la fin que |
la loi permet qu'il procure. | la loi permet qu'il procure. |
B.23.1. Par ailleurs, la disposition attaquée prévoit qu'une audience | B.23.1. Par ailleurs, la disposition attaquée prévoit qu'une audience |
doit avoir lieu, au cours de laquelle le requérant doit avoir | doit avoir lieu, au cours de laquelle le requérant doit avoir |
l'occasion de s'expliquer sur le caractère abusif de son recours, de | l'occasion de s'expliquer sur le caractère abusif de son recours, de |
sorte que le respect du principe du contradictoire est assuré en | sorte que le respect du principe du contradictoire est assuré en |
l'espèce. | l'espèce. |
B.23.2. En conséquence, la disposition attaquée ne porte pas une | B.23.2. En conséquence, la disposition attaquée ne porte pas une |
atteinte disproportionnée aux droits garantis par les dispositions | atteinte disproportionnée aux droits garantis par les dispositions |
citées au moyen. | citées au moyen. |
B.24. Le deuxième moyen dans l'affaire n° 5175 n'est pas fondé ». | B.24. Le deuxième moyen dans l'affaire n° 5175 n'est pas fondé ». |
B.6.1. Dans son avis n° 61.103/4 du 27 mars 2017 sur l'avant-projet de | B.6.1. Dans son avis n° 61.103/4 du 27 mars 2017 sur l'avant-projet de |
loi, le Conseil d'Etat formule les observations suivantes : | loi, le Conseil d'Etat formule les observations suivantes : |
« En sa version actuelle, l'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre | « En sa version actuelle, l'article 39/73-1 de la loi du 15 décembre |
1980 ' sur l'accès au territoire, le séjour, l'établissement et | 1980 ' sur l'accès au territoire, le séjour, l'établissement et |
l'éloignement des étrangers ' prévoit expressément la tenue d'une | l'éloignement des étrangers ' prévoit expressément la tenue d'une |
audience spécifique dédiée au bien-fondé de l'infliction de la | audience spécifique dédiée au bien-fondé de l'infliction de la |
sanction qu'il prévoit, infliction dont l'éventualité aura donc été | sanction qu'il prévoit, infliction dont l'éventualité aura donc été |
signalée par avance à la partie requérante. Dans son arrêt n° 88/2012 | signalée par avance à la partie requérante. Dans son arrêt n° 88/2012 |
du 12 juillet 2012, la Cour constitutionnelle a admis la | du 12 juillet 2012, la Cour constitutionnelle a admis la |
constitutionnalité de la disposition ainsi conçue en fondant sa | constitutionnalité de la disposition ainsi conçue en fondant sa |
conclusion, entre autres, sur la considération que celle-ci ' prévoit | conclusion, entre autres, sur la considération que celle-ci ' prévoit |
qu'une audience doit avoir lieu, au cours de laquelle le requérant | qu'une audience doit avoir lieu, au cours de laquelle le requérant |
doit avoir l'occasion de s'expliquer sur le caractère abusif de son | doit avoir l'occasion de s'expliquer sur le caractère abusif de son |
recours, de sorte que le respect du contradictoire est assuré en | recours, de sorte que le respect du contradictoire est assuré en |
l'espèce '. | l'espèce '. |
Le dispositif à l'examen supprime la nécessité de tenir une telle | Le dispositif à l'examen supprime la nécessité de tenir une telle |
audience supplémentaire. Le commentaire de la disposition concernée | audience supplémentaire. Le commentaire de la disposition concernée |
précise que ' le Conseil a toujours la possibilité de suspendre ou de | précise que ' le Conseil a toujours la possibilité de suspendre ou de |
reporter l'audience à brève échéance afin de donner le temps à la | reporter l'audience à brève échéance afin de donner le temps à la |
partie requérante d'organiser sa défense ou de donner l'opportunité à | partie requérante d'organiser sa défense ou de donner l'opportunité à |
la partie requérante qui n'a pas comparu d'exposer son point de vue | la partie requérante qui n'a pas comparu d'exposer son point de vue |
concernant le caractère manifestement abusif du recours et | concernant le caractère manifestement abusif du recours et |
l'éventuelle amende '. Cependant, et eu égard aux principes en cause, | l'éventuelle amende '. Cependant, et eu égard aux principes en cause, |
il va de soi que dans les hypothèses ainsi envisagées par le | il va de soi que dans les hypothèses ainsi envisagées par le |
commentaire de la disposition - lesquelles doivent être appréciées in | commentaire de la disposition - lesquelles doivent être appréciées in |
concreto -, la suspension de l'audience ou son report est de droit et | concreto -, la suspension de l'audience ou son report est de droit et |
ne constitue donc pas une simple faculté. Le commentaire sera | ne constitue donc pas une simple faculté. Le commentaire sera |
davantage précisé en ce sens » (Doc. parl., Chambre, 2016-2017, DOC | davantage précisé en ce sens » (Doc. parl., Chambre, 2016-2017, DOC |
54-2491/001, pp. 20 et 21). | 54-2491/001, pp. 20 et 21). |
B.6.2. Les travaux préparatoires relatifs à l'article 2, attaqué, | B.6.2. Les travaux préparatoires relatifs à l'article 2, attaqué, |
mentionnent : | mentionnent : |
« Les droits de la défense ne sont pas compromis. Les parties auront | « Les droits de la défense ne sont pas compromis. Les parties auront |
de toute façon la possibilité de prendre position, lors de l'audience, | de toute façon la possibilité de prendre position, lors de l'audience, |
sur les éléments démontrant le caractère manifestement abusif du | sur les éléments démontrant le caractère manifestement abusif du |
recours. Le principe du contradictoire est ainsi assuré. En outre, | recours. Le principe du contradictoire est ainsi assuré. En outre, |
l'existence d'un recours ' manifestement ' abusif ne se justifie que | l'existence d'un recours ' manifestement ' abusif ne se justifie que |
si le Conseil constate ' que le recours est introduit de mauvaise foi | si le Conseil constate ' que le recours est introduit de mauvaise foi |
ou dans un but de nuire ou de tromper ou résulte de manoeuvres | ou dans un but de nuire ou de tromper ou résulte de manoeuvres |
répréhensibles, qui sont directement imputables au requérant lui-même | répréhensibles, qui sont directement imputables au requérant lui-même |
ou que le recours n'est pas introduit dans le but d'obtenir la fin que | ou que le recours n'est pas introduit dans le but d'obtenir la fin que |
la loi permet qu'il procure ' (Cour const., 12 juillet 2012, n° | la loi permet qu'il procure ' (Cour const., 12 juillet 2012, n° |
88/2012, B.22.3). Il s'agit donc d'affaires évidentes prêtant peu à | 88/2012, B.22.3). Il s'agit donc d'affaires évidentes prêtant peu à |
discussion » (ibid., p. 6). | discussion » (ibid., p. 6). |
Les mêmes travaux préparatoires mentionnent encore : | Les mêmes travaux préparatoires mentionnent encore : |
« Le secrétaire d'Etat donne un aperçu des pratiques abusives : | « Le secrétaire d'Etat donne un aperçu des pratiques abusives : |
- demandes d'asile multiples en l'absence de nouveaux éléments à | - demandes d'asile multiples en l'absence de nouveaux éléments à |
avancer; | avancer; |
- demandes répétées sur la base de l'article 9bis en l'absence de | - demandes répétées sur la base de l'article 9bis en l'absence de |
nouveaux éléments; | nouveaux éléments; |
- demandes répétées sur la base de l'article 9ter en l'absence de | - demandes répétées sur la base de l'article 9ter en l'absence de |
nouveaux éléments; | nouveaux éléments; |
- demandes de regroupement familial au départ de centres fermés dans | - demandes de regroupement familial au départ de centres fermés dans |
le seul but de prévenir ou de reporter l'expulsion; | le seul but de prévenir ou de reporter l'expulsion; |
- demandes répétées de visa pour un séjour de courte ou de longue | - demandes répétées de visa pour un séjour de courte ou de longue |
durée sans que de nouveaux éléments soient avancés et sans qu'il soit | durée sans que de nouveaux éléments soient avancés et sans qu'il soit |
tenu compte des motifs de refus justifiant la décision précédente; | tenu compte des motifs de refus justifiant la décision précédente; |
- recours sans développement de moyens; | - recours sans développement de moyens; |
- utilisation du copier/coller dans des recours, si bien qu'in casu | - utilisation du copier/coller dans des recours, si bien qu'in casu |
les faits ne sont plus corrects (seul le nom est modifié, par | les faits ne sont plus corrects (seul le nom est modifié, par |
exemple). | exemple). |
Enfin, dans certains cas, le Conseil du contentieux des étrangers | Enfin, dans certains cas, le Conseil du contentieux des étrangers |
prend une ordonnance précisant que le recours est rejeté pour une | prend une ordonnance précisant que le recours est rejeté pour une |
série de raisons et que, par conséquent, le dossier peut être finalisé | série de raisons et que, par conséquent, le dossier peut être finalisé |
par écrit. La partie requérante pourra dans ce cas demander à être | par écrit. La partie requérante pourra dans ce cas demander à être |
entendue. Dans cette demande, il faut répondre aux éléments de | entendue. Dans cette demande, il faut répondre aux éléments de |
l'ordonnance. Il est toutefois fréquent que l'avocat ne renvoie qu'à | l'ordonnance. Il est toutefois fréquent que l'avocat ne renvoie qu'à |
l'ordonnance. Cette pratique a uniquement pour but d'accumuler des | l'ordonnance. Cette pratique a uniquement pour but d'accumuler des |
points pro deo. Cette forme d'abus ne sera toutefois plus possible | points pro deo. Cette forme d'abus ne sera toutefois plus possible |
dans le nouveau système pro deo » (Doc. parl., Chambre, 2016-2017, DOC | dans le nouveau système pro deo » (Doc. parl., Chambre, 2016-2017, DOC |
54-2491/004, p. 20). | 54-2491/004, p. 20). |
Quant au respect des droits de la défense et du principe du | Quant au respect des droits de la défense et du principe du |
contradictoire | contradictoire |
B.6.3. Par la disposition attaquée, le législateur a voulu simplifier | B.6.3. Par la disposition attaquée, le législateur a voulu simplifier |
et rendre plus efficace la procédure prévue pour lutter contre | et rendre plus efficace la procédure prévue pour lutter contre |
l'introduction, devant le Conseil, de recours manifestement abusifs. | l'introduction, devant le Conseil, de recours manifestement abusifs. |
Le double objectif poursuivi par le législateur, à savoir réduire les | Le double objectif poursuivi par le législateur, à savoir réduire les |
coûts liés à l'organisation d'une audience spécifique consacrée au | coûts liés à l'organisation d'une audience spécifique consacrée au |
seul examen du caractère manifestement abusif du recours et soulager | seul examen du caractère manifestement abusif du recours et soulager |
ainsi la charge de travail du Conseil, est légitime. | ainsi la charge de travail du Conseil, est légitime. |
B.6.4. Pour atteindre ces objectifs, l'article 2, alinéa 2, attaqué, | B.6.4. Pour atteindre ces objectifs, l'article 2, alinéa 2, attaqué, |
prévoit entre autres que le Conseil peut se prononcer, dès l'audience | prévoit entre autres que le Conseil peut se prononcer, dès l'audience |
consacrée à l'examen au fond du recours, sur le caractère | consacrée à l'examen au fond du recours, sur le caractère |
manifestement abusif de ce recours et, le cas échéant, imposer | manifestement abusif de ce recours et, le cas échéant, imposer |
l'amende prévue à l'article 2, alinéa 4, et mettre ainsi un terme à la | l'amende prévue à l'article 2, alinéa 4, et mettre ainsi un terme à la |
procédure engagée devant lui. | procédure engagée devant lui. |
Ces mesures sont raisonnablement justifiées eu égard au double | Ces mesures sont raisonnablement justifiées eu égard au double |
objectif poursuivi. | objectif poursuivi. |
B.6.5. La Cour doit cependant examiner si la disposition attaquée ne | B.6.5. La Cour doit cependant examiner si la disposition attaquée ne |
porte pas atteinte disproportionnée aux droits de la défense. | porte pas atteinte disproportionnée aux droits de la défense. |
Il ressort de l'exposé des motifs cité en B.3.1 et en B.6.2 que le | Il ressort de l'exposé des motifs cité en B.3.1 et en B.6.2 que le |
législateur a voulu préserver les droits de la défense et qu'il a | législateur a voulu préserver les droits de la défense et qu'il a |
renvoyé à l'arrêt n° 88/2012 précité de la Cour et aux exemples | renvoyé à l'arrêt n° 88/2012 précité de la Cour et aux exemples |
qu'elle a considérés comme étant des recours manifestement abusifs. | qu'elle a considérés comme étant des recours manifestement abusifs. |
En outre, l'article 2, alinéa 2, prévoit que les parties présentes à | En outre, l'article 2, alinéa 2, prévoit que les parties présentes à |
l'audience doivent être en mesure de faire valoir leurs observations. | l'audience doivent être en mesure de faire valoir leurs observations. |
A cet effet, le Conseil peut décider de suspendre l'audience ou fixer, | A cet effet, le Conseil peut décider de suspendre l'audience ou fixer, |
dans son arrêt, une nouvelle audience en vue de poursuivre les débats | dans son arrêt, une nouvelle audience en vue de poursuivre les débats |
sur le caractère manifestement abusif ou non du recours. Si cette | sur le caractère manifestement abusif ou non du recours. Si cette |
faculté est laissée à la discrétion du Conseil, elle est néanmoins | faculté est laissée à la discrétion du Conseil, elle est néanmoins |
exercée sous le contrôle du Conseil d'Etat en cas de recours en | exercée sous le contrôle du Conseil d'Etat en cas de recours en |
cassation. | cassation. |
Quant à l'information préalable du requérant | Quant à l'information préalable du requérant |
B.7. En ce qui concerne l'information préalable du requérant et de son | B.7. En ce qui concerne l'information préalable du requérant et de son |
avocat, avant l'audience devant le Conseil, l'article 2, alinéa 3, | avocat, avant l'audience devant le Conseil, l'article 2, alinéa 3, |
attaqué, de la loi du 19 septembre 2017 prévoit que « dans la | attaqué, de la loi du 19 septembre 2017 prévoit que « dans la |
notification d'une ordonnance de fixation d'audience, il est attiré | notification d'une ordonnance de fixation d'audience, il est attiré |
l'attention sur la possible ouverture d'une enquête quant au caractère | l'attention sur la possible ouverture d'une enquête quant au caractère |
non abusif du recours par mention du présent article ». | non abusif du recours par mention du présent article ». |
Pareille notification n'exige pas l'information explicite du requérant | Pareille notification n'exige pas l'information explicite du requérant |
ou de son avocat quant au fait que le Conseil envisage, dans son cas | ou de son avocat quant au fait que le Conseil envisage, dans son cas |
particulier, de faire application de la sanction, ni quant aux motifs | particulier, de faire application de la sanction, ni quant aux motifs |
pour lesquels il l'envisagerait. L'absence de pareille information | pour lesquels il l'envisagerait. L'absence de pareille information |
prévue par la disposition attaquée peut mettre le requérant et son | prévue par la disposition attaquée peut mettre le requérant et son |
avocat en difficulté pour la préparation effective de leurs moyens de | avocat en difficulté pour la préparation effective de leurs moyens de |
défense. | défense. |
Même si les travaux préparatoires mentionnent que l'attention qui sera | Même si les travaux préparatoires mentionnent que l'attention qui sera |
attirée dans la notification sur l'existence de la disposition | attirée dans la notification sur l'existence de la disposition |
attaquée se fera « de manière standardisée dans chaque notification | attaquée se fera « de manière standardisée dans chaque notification |
d'une ordonnance de fixation d'audience » (Doc. parl., Chambre, | d'une ordonnance de fixation d'audience » (Doc. parl., Chambre, |
2016-2017, DOC 54-2491/004, p. 6), la disposition attaquée doit | 2016-2017, DOC 54-2491/004, p. 6), la disposition attaquée doit |
s'interpréter comme imposant au Conseil de préciser dans cette | s'interpréter comme imposant au Conseil de préciser dans cette |
notification les motifs, propres à l'espèce, pour lesquels il envisage | notification les motifs, propres à l'espèce, pour lesquels il envisage |
de statuer sur le caractère manifestement abusif du recours. | de statuer sur le caractère manifestement abusif du recours. |
B.8. Sous réserve de l'interprétation mentionnée en B.7, le moyen | B.8. Sous réserve de l'interprétation mentionnée en B.7, le moyen |
unique, en ses deuxième et troisième branches, n'est pas fondé. | unique, en ses deuxième et troisième branches, n'est pas fondé. |
Quant à l'amende | Quant à l'amende |
B.9. Dans une quatrième branche, la partie requérante reproche à | B.9. Dans une quatrième branche, la partie requérante reproche à |
l'article 2, attaqué, de la loi du 19 septembre 2017 de permettre que | l'article 2, attaqué, de la loi du 19 septembre 2017 de permettre que |
le montant de la sanction soit déterminé compte tenu du préjudice que | le montant de la sanction soit déterminé compte tenu du préjudice que |
l'autorité publique aurait subi et après avoir recueilli son avis et | l'autorité publique aurait subi et après avoir recueilli son avis et |
ce, en violation des articles 10 et 11 de la Constitution, lus en | ce, en violation des articles 10 et 11 de la Constitution, lus en |
combinaison avec l'article 8 de la Convention européenne des droits de | combinaison avec l'article 8 de la Convention européenne des droits de |
l'homme et avec l'article 7 de la Charte des droits fondamentaux de | l'homme et avec l'article 7 de la Charte des droits fondamentaux de |
l'Union européenne, d'une part, et avec l'article 3 de la Convention | l'Union européenne, d'une part, et avec l'article 3 de la Convention |
européenne des droits de l'homme et avec l'article 4 de la Charte des | européenne des droits de l'homme et avec l'article 4 de la Charte des |
droits fondamentaux de l'Union européenne, d'autre part. | droits fondamentaux de l'Union européenne, d'autre part. |
B.10.1. Les travaux préparatoires mentionnent ce qui suit : | B.10.1. Les travaux préparatoires mentionnent ce qui suit : |
« En ce qui concerne le montant de l'amende il est précisé que la | « En ce qui concerne le montant de l'amende il est précisé que la |
fixation de ce montant revient au juge. Comme point de départ pour | fixation de ce montant revient au juge. Comme point de départ pour |
fixer l'amende le juge peut non seulement tenir compte des | fixer l'amende le juge peut non seulement tenir compte des |
possibilités financières de la partie requérante, mais aussi par | possibilités financières de la partie requérante, mais aussi par |
exemple de la nature de l'irrégularité constatée et l'impact que le | exemple de la nature de l'irrégularité constatée et l'impact que le |
recours abusif a eu ou a pu avoir. | recours abusif a eu ou a pu avoir. |
Les éléments qui pourraient mener à l'imposition d'une amende plus | Les éléments qui pourraient mener à l'imposition d'une amende plus |
élevée sont par exemple la présentation manifestement incorrecte de la | élevée sont par exemple la présentation manifestement incorrecte de la |
situation, la production de déclarations manifestement fausses afin | situation, la production de déclarations manifestement fausses afin |
d'induire en erreur le Conseil et de dissimuler le caractère abusif du | d'induire en erreur le Conseil et de dissimuler le caractère abusif du |
recours. | recours. |
Une amende plus lourde peut également être imposée vu l'impact du | Une amende plus lourde peut également être imposée vu l'impact du |
recours manifestement abusif sur le Conseil et la partie défenderesse. | recours manifestement abusif sur le Conseil et la partie défenderesse. |
Par exemple : | Par exemple : |
- si la procédure dont le caractère manifestement abusif a été établi | - si la procédure dont le caractère manifestement abusif a été établi |
a contraint le Conseil à organiser une audience en dehors des heures | a contraint le Conseil à organiser une audience en dehors des heures |
de bureau ou à très court terme. Ainsi l'organisation du Conseil et | de bureau ou à très court terme. Ainsi l'organisation du Conseil et |
l'examen des recours introduits légitimement sont compromis. | l'examen des recours introduits légitimement sont compromis. |
- l'administration a dû suspendre l'exécution d'une décision en | - l'administration a dû suspendre l'exécution d'une décision en |
dernier ressort en raison d'un recours manifestement abusif » (Doc. | dernier ressort en raison d'un recours manifestement abusif » (Doc. |
parl., Chambre, 2016-2017, DOC 54-2491/001, p. 8). | parl., Chambre, 2016-2017, DOC 54-2491/001, p. 8). |
B.10.2. Dans son principe même, l'amende qui peut être infligée pour | B.10.2. Dans son principe même, l'amende qui peut être infligée pour |
recours manifestement abusif ne peut sanctionner qu'un usage abusif du | recours manifestement abusif ne peut sanctionner qu'un usage abusif du |
service public de la justice. Elle se distingue en ce sens des | service public de la justice. Elle se distingue en ce sens des |
dommages et intérêts qui peuvent être alloués à une partie à un procès | dommages et intérêts qui peuvent être alloués à une partie à un procès |
pour réparer le dommage matériel ou moral lié à une procédure | pour réparer le dommage matériel ou moral lié à une procédure |
téméraire et vexatoire. | téméraire et vexatoire. |
Ainsi, contrairement à ce qui est dit dans les travaux préparatoires, | Ainsi, contrairement à ce qui est dit dans les travaux préparatoires, |
la disposition attaquée ne peut pas s'interpréter comme permettant au | la disposition attaquée ne peut pas s'interpréter comme permettant au |
Conseil de tenir compte de l'impact du recours sur la partie | Conseil de tenir compte de l'impact du recours sur la partie |
défenderesse. | défenderesse. |
Sous réserve de cette interprétation, le quatrième moyen n'est pas | Sous réserve de cette interprétation, le quatrième moyen n'est pas |
fondé. | fondé. |
Quant à la notification de l'arrêt au bâtonnier et au bureau d'aide | Quant à la notification de l'arrêt au bâtonnier et au bureau d'aide |
juridique | juridique |
B.11.1. Dans la cinquième branche du moyen, il est reproché à la | B.11.1. Dans la cinquième branche du moyen, il est reproché à la |
disposition attaquée qui prévoit que le Conseil notifie au bâtonnier | disposition attaquée qui prévoit que le Conseil notifie au bâtonnier |
compétent et au président du bureau d'aide juridique l'arrêt | compétent et au président du bureau d'aide juridique l'arrêt |
prononçant le caractère manifestement abusif du recours que, non | prononçant le caractère manifestement abusif du recours que, non |
seulement, cette notification pourrait atteindre la réputation de | seulement, cette notification pourrait atteindre la réputation de |
l'avocat, mais aussi qu'elle pourrait conduire les avocats à ne plus | l'avocat, mais aussi qu'elle pourrait conduire les avocats à ne plus |
oser défendre les intérêts de certains requérants devant le Conseil, | oser défendre les intérêts de certains requérants devant le Conseil, |
ce qui porterait atteinte aux droits des justiciables. | ce qui porterait atteinte aux droits des justiciables. |
B.11.2. La notification attaquée, qui a pour but de responsabiliser | B.11.2. La notification attaquée, qui a pour but de responsabiliser |
aussi l'avocat du requérant, ne signifie pas que l'avocat est | aussi l'avocat du requérant, ne signifie pas que l'avocat est |
automatiquement sanctionné par les autorités disciplinaires de l'Ordre | automatiquement sanctionné par les autorités disciplinaires de l'Ordre |
des avocats, celles-ci restant maîtres de l'opportunité de cette | des avocats, celles-ci restant maîtres de l'opportunité de cette |
sanction. Quant à la possibilité qu'une sanction financière soit prise | sanction. Quant à la possibilité qu'une sanction financière soit prise |
par le bureau d'aide juridique à l'égard d'un avocat qui sera | par le bureau d'aide juridique à l'égard d'un avocat qui sera |
intervenu au titre de l'aide juridique de seconde ligne dans un | intervenu au titre de l'aide juridique de seconde ligne dans un |
recours jugé manifestement abusif, l'article 508/8 du Code judiciaire | recours jugé manifestement abusif, l'article 508/8 du Code judiciaire |
donne au Conseil de l'Ordre la compétence de contrôler l'effectivité | donne au Conseil de l'Ordre la compétence de contrôler l'effectivité |
et la qualité des prestations effectuées par les avocats au titre de | et la qualité des prestations effectuées par les avocats au titre de |
l'aide juridique, de sorte que l'application éventuelle d'une sanction | l'aide juridique, de sorte que l'application éventuelle d'une sanction |
pécuniaire n'est pas non plus automatique et ressort de la seule | pécuniaire n'est pas non plus automatique et ressort de la seule |
compétence du Conseil de l'Ordre dont relève l'avocat. | compétence du Conseil de l'Ordre dont relève l'avocat. |
Le moyen, en sa cinquième branche, n'est pas fondé. | Le moyen, en sa cinquième branche, n'est pas fondé. |
Par ces motifs, | Par ces motifs, |
la Cour, | la Cour, |
sous réserve des interprétations mentionnées en B.7 et en B.10.2, | sous réserve des interprétations mentionnées en B.7 et en B.10.2, |
rejette le recours. | rejette le recours. |
Ainsi rendu en langue française, en langue néerlandaise et en langue | Ainsi rendu en langue française, en langue néerlandaise et en langue |
allemande, conformément à l'article 65 de la loi spéciale du 6 janvier | allemande, conformément à l'article 65 de la loi spéciale du 6 janvier |
1989 sur la Cour constitutionnelle, le 24 octobre 2019. | 1989 sur la Cour constitutionnelle, le 24 octobre 2019. |
Le greffier, | Le greffier, |
F. Meersschaut | F. Meersschaut |
Le président, | Le président, |
F. Daoût | F. Daoût |