24 AVRIL 2023. - Arrêté ministériel modifiant l'arrêté ministériel du 24 janvier 1983 classant, comme momument, l'intérieur de la salle académique, de la salle de l'horloge et de la salle de lecture des périodiques de l'université de Liège sise place du 20-Août n° 20 et les façades et les toitures de la salle académique, de la salle de lecture des périodiques ainsi que de l'avant-corps central et de ses deux ailes symétriques, place du 20-Août, jusqu'aux ailes en retour, afin d'étendre le classement au titre de monument aux parties suivantes des bâtiments de l'université de Liège situés place du 20-Août en raison de leur intérêt historique, architectural et urbanistique et de leurs critères d'authenticité, d'intégrité, de représentativité et de rareté

La Ministre du Patrimoine, Vu le Code wallon du Patrimoine, et notamment les articles 16 à 19 et 23 ;

Vu l'arrêté du Gouvernement wallon du 13 janvier 2022 fixant la répartition des compétences entre les Ministres et réglant la signature des actes du Gouvernement ;

Vu l'arrêté du 24 janvier 1983 classant comme monument, l'intérieur de la salle académique, de la salle de l'horloge et de la salle de lecture des périodiques de l'université de Liège sise place du 20-Août n° 20 et les façades et les toitures de la salle académique, de la salle de lecture des périodiques ainsi que de l'avant-corps central et de ses deux ailes symétriques, place du 20-Août, jusqu'aux ailes en retour ; Considérant la demande introduite par l'université de Liège le 12 juillet 2019 visant à étendre le classement de la façade du bâtiment de l'université à la façade avant du no 9 de la place du 20-Août ;

Considérant que le bien est inscrit pour partie sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie depuis le 3 juin 1999 ;

Considérant que la zone de protection de l'Emulation, classée au titre de monument le 9 février 1998, englobe la totalité de la façade de l'université place du 20-Août, y compris donc la portion non classée ;

Considérant que le bien est repris à l'inventaire régional ;

Considérant la fiche patrimoniale rédigée par l'administration afin de fonder la décision d'entamer une procédure de modification de l'arrêté de classement susmentionné, réalisant l'examen de l'adéquation des mesures de protection qui ont été adoptées en 1983 par rapport aux intérêts et critères visés par l'article 1er du Code wallon du Patrimoine ;

Considérant la décision ministérielle du 16 mars 2022 d'entamer la procédure d'enquête en vue de modifier l'arrêté de classement susmentionné, notifiée le 23 mars 2022 aux autorités prévues à l'article 17, § 2 du Code wallon du Patrimoine ;

Considérant l'enquête publique réalisée du 10 au 25 mai 2022, conformément aux dispositions de l'article 17 du Code wallon du Patrimoine ;

Considérant que, durant l'enquête publique, une réclamation a été émise par l'université de Liège, propriétaire des lieux ;

Considérant l'avis favorable de la Commission Consultative de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité émis en séance le 3 mai 2022 ;

Considérant l'avis favorable de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles émis en séance le 12 avril 2022 ;

Considérant l'avis favorable, à l'exception du pignon sud de l'ancien Institut chimique et à la condition que l'arrêté de classement soit complété par des plans précisant les parties classées, du Conseil communal de Liège émis en séance le 28 juin 2022 ;

Considérant que la réclamation émise par l'université de Liège, propriétaire des lieux porte sur les points suivants : 1. le plan joint à la proposition d'arrêté manque de précision quant aux « couloirs et salles voûtées de l'aile des Jésuites » ;2. opposition au classement des châssis de la façade qui ne présentent aucun intérêt et qui empêchera l'Université de Liège d'améliorer l'apport de lumière, le contrôle solaire, l'isolation thermique, l'isolation acoustique, l'aération de ses locaux et le fonctionnement mécanique, la solidité et la longévité des châssis ;3. demande si la façade arrière de l'ancien Institut de chimie qui n'est pas proposée au classement devra respecter les mêmes contraintes que pour les parties classées ;4. opposition au classement du pignon sud de l'aile de l'ancien Institut chimique (n° 9, place du 20-Août) sans intérêt patrimonial tout comme la façade arrière car son classement empêchera sa transformation fonctionnelle ;5. opposition au classement des toitures qui empêcherait d'en améliorer leurs étanchéité, isolation et apport de lumière ;6. demande d'un plan précisant les limites des façades et toitures concernées par le classement. Considérant que concernant le point 1, une partie des anciens couloirs bordés de portes en chêne subsistent aux trois niveaux ; qu'ils présentent une structure de voûtes d'arrêtes sur arcs doubleaux en anse de panier reposant sur des consoles profilées ; qu'une partie des locaux contigus ont également conservé leur système de voûte d'arrête ;

Considérant que les plans joints au présent arrêté identifient clairement les couloirs et pièces voûtées sur les trois niveaux de l'aile des Jésuites qui sont visés par le présent arrêté ;

Considérant que, pour le surplus, les plans joints au présent arrêté ont été élaborés sur la base des plans joints à la réclamation émise par l'Université de Liège dans le cadre de l'enquête publique ; que le plan relatif au niveau 0 n'identifiait pas la cage d'escalier contiguë à l'aile de la bibliothèque ; que la cage d'escalier contiguë à l'aile de la bibliothèque présente un plafond voûté et que, par conséquent, il s'agit d'un couloir voûté visé par le présent arrêté ;

Considérant que concernant le point 2, les châssis font partie des façades et sont donc concernés par le classement ; qu'ils participent pleinement à la composition architecturale des façades et à leur style architectural ; que le classement à l'exception des châssis serait dénué de sens ;

Considérant que les anciens châssis constituent des témoins archéologiques de plus en plus rares au vu des exigences énergétiques et de la facilité à remplacer des châssis sans autorisation ; que le classement d'une façade n'empêche pas l'amélioration des châssis historiques comme par exemple par le remplacement du simple vitrage par du double vitrage, par l'insertion de joints en caoutchouc assurant l'étanchéité à l'air, par le remplacement des parties de bois pourries par un greffon de bois ou par le placement d'un double châssis ou par le remplacement à l'identique lorsque la majeure surface du châssis est dégradée ; que le classement ne veut pas dire maintien en l'état ;

Considérant que le point 3 est sans objet étant donné que la proposition d'arrêté de classement n'inclut pas les façades arrière de l'ancien Institut de chimie et que dès lors, elles ne seront pas soumises aux effets du classement ;

Considérant que, concernant le point 4, le pignon sud de l'ancien Institut chimique doit être soumis aux effets du classement ;

Considérant que la protection de ce pignon en brique se justifie entre autres par l'importance de sa perception conjointe avec les façades et toitures à classer, ce qui lui confère une valeur propre et le distingue de manière substantielle des façades arrière ; que ce pignon présente en outre des éléments intéressants et cohérents avec les autres parties, telle une fenêtre à encadrement de pierre à linteau en tas de charge ;

Considérant que les éléments hétéroclites postérieurs (notamment une ancienne sortie de secours désaffectée en appendice) peuvent être jugés comme éléments inesthétiques mais qu'un classement n'empêcherait nullement que ces éléments puissent être considérés comme ajouts inopportuns pouvant éventuellement être démoli conformément à l'article 22, § 2, alinéa 3, du CoPat ;

Considérant que le pignon se distingue en cela également des façades arrière, où les dénaturations sont nettement plus importantes et irréversibles.

Considérant que, concernant le point 5, le classement d'une toiture n'empêche pas d'en assurer son étanchéité, d'en améliorer son isolation et l'éclairement naturel des espaces sous-combles ; qu'en effet, le but d'une toiture est de protéger les espaces de vie de la pluie ; que le classement d'une toiture veille à conserver ou restaurer son étanchéité ; que généralement l'isolation d'une toiture par l'intérieur ne modifie pas le profil de la toiture et par conséquent sa perception et son inscription dans le prolongement d'une façade classé ; que dans certains cas l'isolation en surépaisseur par l'extérieur est permise pour des toitures classées pour autant qu'elle ne modifie pas le % de pente et les corniches qui en récoltent les eaux de ruissellement ; que le classement de la façade sans la toiture qui la couvre ne semble pas avoir de sens ; qu'en effet, les toitures prolongent et couronnent les façades qu'elles surplombent ;

Considérant que, concernant le point 6, un des plans joint au présent arrêté identifie clairement les toitures qui sont visées par le présent arrêté ;

Considérant que le bien revêt un intérêt historique en ce que l'université de Liège et l'évolution de ses bâtiments font partie intégrante de l'histoire de l'enseignement supérieur en Belgique ;

Considérant que la ville de Liège a toujours été un centre d'instruction important et un centre littéraire reconnu, ce qui explique qu'elle ait été choisie comme siège d'une université par Guillaume Ier en 1816 ;

Considérant que le bien revêt un intérêt architectural en ce que l'aile des Jésuites conserve la force d'un témoignage architectural de première main sur l'art de bâtir et le goût architectural, au tout début du XVIIIème siècle, en principauté de Liège comme au-delà et qu'elle a d'ailleurs servi de référence stylistique jusqu'à la fin du XIXème siècle ;

Considérant que l'aile des Jésuites abrite la salle classée de l'horloge - au second étage - et conserve également un ensemble cohérent de couloirs et cellules voûtés d'origine ;

Considérant que les trois travées conservées de l'aile « Velbruck » forment un ensemble homogène avec l'aile des Jésuites, dont elle répète le langage architectural dans un souci d'équilibre et d'unité de style parfaitement représentatif de l'esprit du temps ;

Considérant que l'aile de la bibliothèque, avec ses cinq travées centrales ainsi que les quatre travées de l'avant-corps nord, forment un ensemble homogène qui mérite également d'être inclus dans l'extension de classement ;

Considérant que l'aile de l'ancien Institut chimique possède également des qualités plastiques indéniables par son alternance de travées fortes et faibles et par sa décoration minutieuse et que l'importance de son pignon nord, même réduit à sa partie supérieure, ne doit pas être négligée, car celui-ci participe à une transition parfaite entre les deux ailes ;

Considérant que le bien revêt un intérêt urbanistique en ce que l'îlot abritant les bâtiments universitaires a joué et continue de jouer un rôle structurant prépondérant, qui a dicté l'évolution urbaine de tout un quartier et, partant, d'une portion significative du paysage liégeois, Arrête :

Article 1er.L'arrêté du 24 janvier 1983 classant comme monument l'intérieur de la salle académique, de la salle de l'horloge et de la salle de lecture des périodiques de l'université de Liège sise place du 20-Août n° 20 et les façades et les toitures de la salle académique, de la salle de lecture des périodiques ainsi que de l'avant-corps central et de ses deux ailes symétriques, place du 20-Août, jusqu'aux ailes en retour, est modifié afin d'étendre le classement au titre de monument aux parties suivantes des bâtiments de l'université de Liège situés place du 20-Août en raison de leur intérêt historique, architectural et urbanistique et de leurs critères d'authenticité, d'intégrité, de représentativité et de rareté: 1° les façades, toitures, couloirs voûtés et salles voûtées de l'aile des Jésuites ;2° les façades et toitures des trois travées de l'aile « Velbruck » ;3° les façades et toitures non encore classées de l'aile de la bibliothèque ;4° les façades avant et latérales et les toitures de l'aile de l'ancien Institut chimique. A titre informatif, le bien est sis dans la commune de Liège, parcelle cadastrée 1ère division, section A, n° 1658F.

Art. 2.Les éléments classés en vertu du présent arrêté sont figurés aux plans joints au présent arrêté.

A titre informatif, les quatre plans suivants sont joints au présent arrêté : 1° vue en plan niveau 0 ;2° vue en plan niveau 1 ;3° vue en plan niveau 2 ;4° vue en plan niveau 7 (toitures). Fait à Namur, le 24 avril 2023.

V. DE BUE

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