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Arrêté Ministériel du 06 juin 2024
publié le 26 juin 2024

Arrêté ministériel établissant le projet de classement au titre de monument de l'ancienne bibliothèques des Sciences des 2ème et 3ème cycles de Louvain-la-Neuve, actuellement Musée L

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service public de wallonie
numac
2024203303
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26/06/2024
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06/06/2024
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6 JUIN 2024. - Arrêté ministériel établissant le projet de classement au titre de monument de l'ancienne bibliothèques des Sciences des 2ème et 3ème cycles (S07) de Louvain-la-Neuve, actuellement Musée L


La Ministre du Patrimoine, Vu le Code wallon du Patrimoine (ci-après le CoPat), les articles 16, 17, § 1er, 21 et R.17;

Considérant l'arrêté du Gouvernement wallon du 13 janvier 2022 fixant la répartition des compétences entre les ministres et réglant la signature des actes du Gouvernement;

Considérant la Déclaration de Politique Régionale (2019-2024) qui, en son chapitre 26 " Le Patrimoine ", propose de : - " mener rapidement à bien l'inventaire du patrimoine en danger, notamment le patrimoine industriel et l'architecture du XXème siècle "; - " dynamiser la concertation entre la Wallonie, la Région de Bruxelles-Capitale et la Fédération Wallonie-Bruxelles afin de mener des projets communs de valorisation du patrimoine ";

Considérant que l'ancienne bibliothèque des Sciences est inscrite sur la liste de jalons régionaux de l'architecture moderne en Wallonie;

Considérant que le bien (S07) est inscrit à l'Inventaire régional avec pastille;

Considérant la fiche patrimoniale rédigée entre décembre 2023 et mars 2024;

Considérant que la création d'une ville prenant pour point de départ une université est unique dans l'histoire de l'architecture en Belgique; que Louvain-la-Neuve occupe donc une place fondamentale dans l'histoire de l'architecture et de l'urbanisme du XXème siècle en Belgique; que la bibliothèque des Sciences y apparaît comme l'un des principaux " moments " fondateurs;

Considérant que la bibliothèque occupe également une place fondamentale dans l'histoire de la production architecturale d'André Jacqmain et de l'Atelier de Genval, sa conception intervenant peu après celle du pavillon belge de l'exposition d'Osaka en 1970 et quelques années seulement après deux autres bâtiments emblématiques signés par l'architecte : les homes pour étudiants (1967) et le restaurant universitaire (1968);

Considérant l'architecte André Jacqmain et l'Atelier de Genval comme des représentants fondamentaux de l'architecture belge du XXe siècle, la bibliothèque des Sciences constitue un moment fort tant de l'histoire de l'Agence que celle de l'architecture du XXe siècle en Belgique;

Considérant que la bibliothèque présente un intérêt à la fois architectural, artistique et esthétique tant dans le gros oeuvre que dans le second oeuvre;

Considérant qu'en s'appuyant sur une logique de plateaux, l'architecte André Jacqmain a conçu un bâtiment qui peut évoluer selon les besoins et dont la modification des usages d'une bibliothèque à un musée en 2017 n'a d'ailleurs pas induit de bouleversements profonds tant dans la définition des espaces que des circulations;

Considérant que l'ensemble des circulations conçu par l'architecte André Jacqmain construit une promenade intérieure remplie d'expériences sensibles pour le visiteur de par le jeu sur les hauteurs de volumes, particulièrement entre les 2ème et 3ème niveaux, et sur la matière;

Considérant en effet que le contact avec le béton est inévitable tandis que les détails des marques de coffrage se révèlent avec force, que les noeuds et veines du bois figés dans le béton attirent le regard et invitent au toucher.

Considérant que les formes expressives que prennent les voiles de béton témoignent également d'une profonde recherche esthétique qui témoignent d'une volonté de s'écarter des canons du modernisme radical;

Considérant que la franchise du béton laissé nu à l'extérieur appuie un discours sculptural tout à fait singulier à l'échelle de la Belgique;

Considérant que l'architecte André Jacqmain voulait, à travers les formes sculpturales si particulières de son oeuvre, « évoquer une force vitale, semblable à celle des grands personnages fantoches, les gentils géants folkloriques de l'Ommegang »; que « cette vitalité était essentielle pour la ville nouvelle que nous avions imaginée avec tous ses totems ressuscités après l'exode »;

Considérant que la bibliothèque constitue une expression rare et représentative du brutalisme en Wallonie;

Considérant la nécessaire transformation de la bibliothèque, déjà réinvestie en 1979 par le Musée du Dialogue, en Musée L en 2017 et dont les travaux ont été confiés au service d'architecture de l'UCLouvain et à ses ingénieurs architectes Michel Le Paige et Carole Deferière;

Considérant que leur travail a exigé une approche s'appuyant sur un équilibre entre d'une part le respect et la valorisation du patrimoine et, d'autre part, la réponse aux besoins d'un musée;

Considérant que les travaux de transformation ont permis d'améliorer les performances énergétiques du bâtiment et de l'adapter à ses nouvelles fonctions tout en respectant les principes fondateurs d'André Jacqmain;

Considérant qu'à cette occasion, les châssis en bois à l'origine, ont été remplacés par de l'aluminium de couleur noire et que le dessin en quadrillage d'origine a été reproduit;

Considérant que, malgré la disparition de plusieurs éléments de mobilier ou de l'ensemble des caches radiateurs, le dialogue entre le travail de l'architecte André Jacqmain et celui du designer Jules Wabbes est encore très présent notamment dans les éléments métalliques qui cachent les gaines de ventilation ou encore dans différents éléments de serrurerie;

Considérant que l'expression de cette collaboration étroite entre un architecte et un designer est rare en Belgique;

Considérant que, lors des travaux de transformation de la bibliothèque en musée, deux volumes ont été ajoutés pour abriter un monte-charge et un escalier; que ces volumes, entièrement en béton et reliés au bâtiment principal par une galerie vitrée de plusieurs niveaux, s'inscrivent parfaitement dans le contexte général;

Considérant que la conception de la bibliothèque des Sciences s'inscrit dans un ensemble plus vaste rassemblant la place des Sciences et les bâtiments qui l'entourent;

Considérant que, si ces ensembles architecturaux ainsi que la place qui organise les circulations sont conçus dans une écriture d'une grande homogénéité, ils témoignent par ailleurs d'une réflexion approfondie sur la position de la bibliothèque dans ce morceau de ville;

Considérant en effet que les auteurs de projet hiérarchisent les fonctions et placent la bibliothèque - le coeur de la connaissance - comme repère urbain du quartier du Biéreau;

Considérant que la bibliothèque occupe également un rôle au sein de la ville de Louvain-la-Neuve dans son ensemble en ce qu'elle marque la limite orientale de la ville et une des limites des cheminements piétons;

Considérant qu'au vu de l'affectation actuelle du bâtiment, il convient de ne pas envisager la protection des espaces intérieurs sous peine de mettre en difficulté les activités d'un acteur culturel qui au-delà de la place majeure qu'il occupe dans le paysage culturel régional et national, a démontré son attention constante aux qualités du bâtiment;

Considérant par ailleurs que la Place des Sciences, le restaurant universitaire et la Médiathèque, ainsi que les auditoires généraux et l'ancienne bibliothèque des Sciences de 1er cycle sont, tout comme l'ancienne bibliothèque des sciences de 2ème et 3ème cycle, repris et pastillés à l'Inventaire du Patrimoine immobilier culturel, Arrête :

Article 1er.La procédure est entamée pour le classement éventuel, comme monument - en raison de ses intérêts historique, esthétique et urbanistique qui satisfont pleinement aux critères d'authenticité, d'intégrité, de rareté et de représentativité, et de son intérêt architectural qui satisfait aux critères d'authenticité et d'intégrité - des façades et toitures de l'ancienne bibliothèques des Sciences (S07) de Louvain-La-Neuve, actuellement Musée L, en ce compris les volumes abritant un monte-charge et un escalier ainsi que la galerie vitrée qui les relie au musée, - des éléments intérieurs restants dus à Jules Wabbes que sont : o Les éléments métalliques qui cachent les gaines de ventilation; o Les rampes métalliques; o Les poignées et clenches.

A titre informatif, le bien est connu au cadastre d'Ottignies-Louvain-la-Neuve, 6ème division, Section B, parcelle n° 114K sur le plan parcellaire tel qu'existant au 1er janvier 2023.

Fait à Namur, le 6 juin 2024.

V. DE BUE


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