Extrait de l'arrêt n° 110/2008 du 31 juillet 2008 Numéro du rôle : 4273 En cause : le recours en annulation de l'article 6 de la loi du 20 décembre 2006 « modifiant le Code pénal en vue de réprimer plus sévèrement la violence contre certain La Cour constitutionnelle, composée des présidents M. Melchior et M. Bossuyt, et des juges P. Ma(...) | Extrait de l'arrêt n° 110/2008 du 31 juillet 2008 Numéro du rôle : 4273 En cause : le recours en annulation de l'article 6 de la loi du 20 décembre 2006 « modifiant le Code pénal en vue de réprimer plus sévèrement la violence contre certain La Cour constitutionnelle, composée des présidents M. Melchior et M. Bossuyt, et des juges P. Ma(...) |
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COUR CONSTITUTIONNELLE | COUR CONSTITUTIONNELLE |
Extrait de l'arrêt n° 110/2008 du 31 juillet 2008 | Extrait de l'arrêt n° 110/2008 du 31 juillet 2008 |
Numéro du rôle : 4273 | Numéro du rôle : 4273 |
En cause : le recours en annulation de l'article 6 de la loi du 20 | En cause : le recours en annulation de l'article 6 de la loi du 20 |
décembre 2006 « modifiant le Code pénal en vue de réprimer plus | décembre 2006 « modifiant le Code pénal en vue de réprimer plus |
sévèrement la violence contre certaines catégories de personnes », | sévèrement la violence contre certaines catégories de personnes », |
introduit par l'ASBL « Ligue des Droits de l'Homme ». | introduit par l'ASBL « Ligue des Droits de l'Homme ». |
La Cour constitutionnelle, | La Cour constitutionnelle, |
composée des présidents M. Melchior et M. Bossuyt, et des juges P. | composée des présidents M. Melchior et M. Bossuyt, et des juges P. |
Martens, R. Henneuse, E. De Groot, L. Lavrysen, A. Alen, J.-P. Snappe, | Martens, R. Henneuse, E. De Groot, L. Lavrysen, A. Alen, J.-P. Snappe, |
J.-P. Moerman, E. Derycke, J. Spreutels et T. Merckx-Van Goey, | J.-P. Moerman, E. Derycke, J. Spreutels et T. Merckx-Van Goey, |
assistée du greffier P.-Y. Dutilleux, présidée par le président M. | assistée du greffier P.-Y. Dutilleux, présidée par le président M. |
Melchior, | Melchior, |
après en avoir délibéré, rend l'arrêt suivant : | après en avoir délibéré, rend l'arrêt suivant : |
I. Objet du recours et procédure | I. Objet du recours et procédure |
Par requête adressée à la Cour par lettre recommandée à la poste le 10 | Par requête adressée à la Cour par lettre recommandée à la poste le 10 |
août 2007 et parvenue au greffe le 13 août 2007, l'ASBL « Ligue des | août 2007 et parvenue au greffe le 13 août 2007, l'ASBL « Ligue des |
Droits de l'Homme », dont le siège social est établi à 1190 Bruxelles, | Droits de l'Homme », dont le siège social est établi à 1190 Bruxelles, |
chaussée d'Alsemberg 303, a introduit un recours en annulation de | chaussée d'Alsemberg 303, a introduit un recours en annulation de |
l'article 6 de la loi du 20 décembre 2006 modifiant le Code pénal en | l'article 6 de la loi du 20 décembre 2006 modifiant le Code pénal en |
vue de réprimer plus sévèrement la violence contre certaines | vue de réprimer plus sévèrement la violence contre certaines |
catégories de personnes (publiée au Moniteur belge du 12 février | catégories de personnes (publiée au Moniteur belge du 12 février |
2007). | 2007). |
(...) | (...) |
II. En droit | II. En droit |
(...) | (...) |
Quant aux dispositions attaquées | Quant aux dispositions attaquées |
B.1.1. Il résulte des termes de la requête que le recours en | B.1.1. Il résulte des termes de la requête que le recours en |
annulation porte sur l'article 6 de la loi du 20 décembre 2006 | annulation porte sur l'article 6 de la loi du 20 décembre 2006 |
modifiant le Code pénal en vue de réprimer plus sévèrement la violence | modifiant le Code pénal en vue de réprimer plus sévèrement la violence |
contre certaines catégories de personnes, qui insère un article 410bis | contre certaines catégories de personnes, qui insère un article 410bis |
dans le Code pénal. | dans le Code pénal. |
B.1.2. L'article 410bis du Code pénal dispose : | B.1.2. L'article 410bis du Code pénal dispose : |
« Dans les cas mentionnés aux articles 398 à 405, si le coupable a | « Dans les cas mentionnés aux articles 398 à 405, si le coupable a |
commis le crime ou le délit envers un conducteur, un accompagnateur, | commis le crime ou le délit envers un conducteur, un accompagnateur, |
un contrôleur ou un guichetier d'un exploitant d'un réseau de | un contrôleur ou un guichetier d'un exploitant d'un réseau de |
transport public, un facteur, un pompier, un membre de la protection | transport public, un facteur, un pompier, un membre de la protection |
civile, un ambulancier, un médecin, un pharmacien, un | civile, un ambulancier, un médecin, un pharmacien, un |
kinésithérapeute, un infirmier, un membre du personnel affecté à | kinésithérapeute, un infirmier, un membre du personnel affecté à |
l'accueil dans les services d'urgence des institutions de soins, un | l'accueil dans les services d'urgence des institutions de soins, un |
assistant social, ou un psychologue d'un service public, dans | assistant social, ou un psychologue d'un service public, dans |
l'exercice de leurs fonctions, le minimum de la peine portée par ces | l'exercice de leurs fonctions, le minimum de la peine portée par ces |
articles sera doublé s'il s'agit d'un emprisonnement, et augmenté de | articles sera doublé s'il s'agit d'un emprisonnement, et augmenté de |
deux ans s'il s'agit de la réclusion. | deux ans s'il s'agit de la réclusion. |
Il en sera de même si le coupable, étant un élève ou un étudiant qui | Il en sera de même si le coupable, étant un élève ou un étudiant qui |
est inscrit dans un établissement d'enseignement ou qui y a été | est inscrit dans un établissement d'enseignement ou qui y a été |
inscrit au cours des six mois précédant les faits, ou le père ou la | inscrit au cours des six mois précédant les faits, ou le père ou la |
mère ou un membre de la famille de cet élève ou de cet étudiant, ou | mère ou un membre de la famille de cet élève ou de cet étudiant, ou |
toute autre personne ayant autorité sur cet élève ou cet étudiant ou | toute autre personne ayant autorité sur cet élève ou cet étudiant ou |
en ayant la garde, a commis le crime ou le délit envers un membre du | en ayant la garde, a commis le crime ou le délit envers un membre du |
personnel ou de la direction de cet établissement d'enseignement, | personnel ou de la direction de cet établissement d'enseignement, |
envers les personnes chargées de la prise en charge des élèves dans un | envers les personnes chargées de la prise en charge des élèves dans un |
Institut médico-pédagogique organisé ou subventionné par la | Institut médico-pédagogique organisé ou subventionné par la |
communauté, ou envers un intervenant extérieur chargé par les | communauté, ou envers un intervenant extérieur chargé par les |
autorités communautaires de prévenir et de résoudre les problèmes de | autorités communautaires de prévenir et de résoudre les problèmes de |
violence scolaire, dans l'exercice de leurs fonctions ». | violence scolaire, dans l'exercice de leurs fonctions ». |
B.1.3. Les articles 398 à 405 du même Code disposent : | B.1.3. Les articles 398 à 405 du même Code disposent : |
« Art. 398.Quiconque aura volontairement fait des blessures ou porté |
« Art. 398.Quiconque aura volontairement fait des blessures ou porté |
des coups sera puni d'un emprisonnement de huit jours à six mois et | des coups sera puni d'un emprisonnement de huit jours à six mois et |
d'une amende de vingt-six euros à cent euros, ou d'une de ces peines | d'une amende de vingt-six euros à cent euros, ou d'une de ces peines |
seulement. | seulement. |
En cas de préméditation, le coupable sera condamné à un emprisonnement | En cas de préméditation, le coupable sera condamné à un emprisonnement |
d'un mois à un an et à une amende de cinquante euros à deux cents | d'un mois à un an et à une amende de cinquante euros à deux cents |
euros. | euros. |
Art. 399.Si les coups ou les blessures ont causé une maladie ou une |
Art. 399.Si les coups ou les blessures ont causé une maladie ou une |
incapacité de travail personnel, le coupable sera puni d'un | incapacité de travail personnel, le coupable sera puni d'un |
emprisonnement de deux mois à deux ans et d'une amende de cinquante | emprisonnement de deux mois à deux ans et d'une amende de cinquante |
euros à deux cents euros. | euros à deux cents euros. |
Le coupable sera puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et | Le coupable sera puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et |
d'une amende de cent euros à cinq cents euros, s'il a agi avec | d'une amende de cent euros à cinq cents euros, s'il a agi avec |
préméditation. | préméditation. |
Art. 400.Les peines seront un emprisonnement de deux ans à cinq ans |
Art. 400.Les peines seront un emprisonnement de deux ans à cinq ans |
et une amende de deux cents euros à cinq cents euros, s'il est résulté | et une amende de deux cents euros à cinq cents euros, s'il est résulté |
des coups ou des blessures, soit une maladie paraissant incurable, | des coups ou des blessures, soit une maladie paraissant incurable, |
soit une incapacité permanente de travail personnel, soit la perte de | soit une incapacité permanente de travail personnel, soit la perte de |
l'usage absolu d'un organe, soit une mutilation grave. | l'usage absolu d'un organe, soit une mutilation grave. |
La peine sera celle de la réclusion de cinq ans à dix ans, s'il y a eu | La peine sera celle de la réclusion de cinq ans à dix ans, s'il y a eu |
préméditation. | préméditation. |
Art. 401.Lorsque les coups portés ou les blessures faites |
Art. 401.Lorsque les coups portés ou les blessures faites |
volontairement, mais sans intention de donner la mort, l'ont pourtant | volontairement, mais sans intention de donner la mort, l'ont pourtant |
causée, le coupable sera puni de la réclusion de cinq ans à dix ans. | causée, le coupable sera puni de la réclusion de cinq ans à dix ans. |
II sera puni de la réclusion de dix ans à quinze ans, s'il a commis | II sera puni de la réclusion de dix ans à quinze ans, s'il a commis |
ces actes de violence avec préméditation. | ces actes de violence avec préméditation. |
Art. 402.Sera puni d'un emprisonnement de trois mois à cinq ans et |
Art. 402.Sera puni d'un emprisonnement de trois mois à cinq ans et |
d'une amende de cinquante euros à cinq cents euros, quiconque aura | d'une amende de cinquante euros à cinq cents euros, quiconque aura |
causé à autrui une maladie ou incapacité de travail personnel, en lui | causé à autrui une maladie ou incapacité de travail personnel, en lui |
administrant volontairement, mais sans intention de tuer, des | administrant volontairement, mais sans intention de tuer, des |
substances qui peuvent donner la mort, ou des substances qui, sans | substances qui peuvent donner la mort, ou des substances qui, sans |
être de nature à donner la mort, peuvent cependant altérer gravement | être de nature à donner la mort, peuvent cependant altérer gravement |
la santé. | la santé. |
Art. 403.La peine sera la réclusion de cinq ans à dix ans, lorsque |
Art. 403.La peine sera la réclusion de cinq ans à dix ans, lorsque |
ces substances auront causé, soit une maladie paraissant incurable, | ces substances auront causé, soit une maladie paraissant incurable, |
soit une incapacité permanente de travail personnel, soit la perte de | soit une incapacité permanente de travail personnel, soit la perte de |
l'usage absolu d'un organe. | l'usage absolu d'un organe. |
Art. 404.Si les substances administrées volontairement, mais sans |
Art. 404.Si les substances administrées volontairement, mais sans |
intention de donner la mort, l'ont pourtant causée, le coupable sera | intention de donner la mort, l'ont pourtant causée, le coupable sera |
puni de la réclusion de quinze ans à vingt ans. | puni de la réclusion de quinze ans à vingt ans. |
Art. 405.La tentative d'administrer à autrui, sans intention de |
Art. 405.La tentative d'administrer à autrui, sans intention de |
donner la mort, des substances de la nature de celles mentionnées à | donner la mort, des substances de la nature de celles mentionnées à |
l'article 402, sera punie d'un emprisonnement d'un mois à trois ans et | l'article 402, sera punie d'un emprisonnement d'un mois à trois ans et |
d'une amende de vingt-six euros à trois cents euros ». | d'une amende de vingt-six euros à trois cents euros ». |
B.2. L'exposé des motifs indique : | B.2. L'exposé des motifs indique : |
« Constatant l'augmentation des violences physiques à l'encontre de | « Constatant l'augmentation des violences physiques à l'encontre de |
personnes qui dans l'exercice de leur fonction sont obligées d'entrer | personnes qui dans l'exercice de leur fonction sont obligées d'entrer |
en contact avec le public en vue de remplir d'indispensables missions | en contact avec le public en vue de remplir d'indispensables missions |
d'intérêt collectif, le gouvernement propose de permettre à la société | d'intérêt collectif, le gouvernement propose de permettre à la société |
d'avoir les moyens d'y apporter une réponse appropriée en envoyant un | d'avoir les moyens d'y apporter une réponse appropriée en envoyant un |
signal fort aux auteurs potentiels de ces violences. | signal fort aux auteurs potentiels de ces violences. |
Point n'est besoin de rappeler les nombreuses agressions dont sont | Point n'est besoin de rappeler les nombreuses agressions dont sont |
victimes les chauffeurs et les accompagnateurs des transports publics, | victimes les chauffeurs et les accompagnateurs des transports publics, |
les facteurs, les professionnels de la santé et de l'aide sociale | les facteurs, les professionnels de la santé et de l'aide sociale |
ainsi que les enseignants tant de la part des élèves que des membres | ainsi que les enseignants tant de la part des élèves que des membres |
de leur famille. | de leur famille. |
Face à ce nouveau phénomène social, le gouvernement entend faire | Face à ce nouveau phénomène social, le gouvernement entend faire |
preuve de fermeté en protégeant mieux les personnes actuellement | preuve de fermeté en protégeant mieux les personnes actuellement |
confrontées à ce phénomène. | confrontées à ce phénomène. |
Ainsi, pour assurer une meilleure dissuasion et une répression plus | Ainsi, pour assurer une meilleure dissuasion et une répression plus |
efficace, il est proposé d'introduire une nouvelle circonstance | efficace, il est proposé d'introduire une nouvelle circonstance |
aggravante dans le Code pénal, plus précisément dans la partie | aggravante dans le Code pénal, plus précisément dans la partie |
consacrée aux homicides, non qualifiés meurtres, et aux lésions | consacrée aux homicides, non qualifiés meurtres, et aux lésions |
corporelles volontaires, c'est-à-dire les articles 398 à 405 du même | corporelles volontaires, c'est-à-dire les articles 398 à 405 du même |
Code. | Code. |
En cas d'infraction à ces articles, le minimum de la peine sera doublé | En cas d'infraction à ces articles, le minimum de la peine sera doublé |
s'il s'agit d'un emprisonnement et augmenté de deux ans s'il s'agit de | s'il s'agit d'un emprisonnement et augmenté de deux ans s'il s'agit de |
la réclusion » (Doc. parl., Chambre, 2004-2005, DOC 51-1843/001, p. 4; | la réclusion » (Doc. parl., Chambre, 2004-2005, DOC 51-1843/001, p. 4; |
dans le même sens : Sénat, 2006-2007, n° 3-1791/3, p. 2). | dans le même sens : Sénat, 2006-2007, n° 3-1791/3, p. 2). |
Quant au principe de légalité (premier moyen) | Quant au principe de légalité (premier moyen) |
B.3.1. Le premier moyen est pris de la violation des articles 12 et 14 | B.3.1. Le premier moyen est pris de la violation des articles 12 et 14 |
de la Constitution, combinés avec l'article 7 de la Convention | de la Constitution, combinés avec l'article 7 de la Convention |
européenne des droits de l'homme et avec l'article 15 du Pacte | européenne des droits de l'homme et avec l'article 15 du Pacte |
international relatif aux droits civils et politiques. | international relatif aux droits civils et politiques. |
B.3.2. Dans la première branche du moyen, la partie requérante fait | B.3.2. Dans la première branche du moyen, la partie requérante fait |
valoir que l'article 410bis du Code pénal viole le principe de | valoir que l'article 410bis du Code pénal viole le principe de |
légalité en matière pénale en ce qu'il ne définit pas « l'exercice des | légalité en matière pénale en ce qu'il ne définit pas « l'exercice des |
fonctions » dans lequel sont protégées les catégories de personnes | fonctions » dans lequel sont protégées les catégories de personnes |
qu'il vise; elle se réfère à des dispositions constitutionnelles et | qu'il vise; elle se réfère à des dispositions constitutionnelles et |
législatives et à la jurisprudence qui donnent à cette notion un | législatives et à la jurisprudence qui donnent à cette notion un |
contenu qui n'est pas défini de manière uniforme. | contenu qui n'est pas défini de manière uniforme. |
B.3.3. Les articles 12 et 14 de la Constitution disposent : | B.3.3. Les articles 12 et 14 de la Constitution disposent : |
« Art. 12.La liberté individuelle est garantie. |
« Art. 12.La liberté individuelle est garantie. |
Nul ne peut être poursuivi que dans les cas prévus par la loi, et dans | Nul ne peut être poursuivi que dans les cas prévus par la loi, et dans |
la forme qu'elle prescrit. | la forme qu'elle prescrit. |
Hors le cas de flagrant délit, nul ne peut être arrêté qu'en vertu de | Hors le cas de flagrant délit, nul ne peut être arrêté qu'en vertu de |
l'ordonnance motivée du juge, qui doit être signifiée au moment de | l'ordonnance motivée du juge, qui doit être signifiée au moment de |
l'arrestation, ou au plus tard dans les vingt-quatre heures ». | l'arrestation, ou au plus tard dans les vingt-quatre heures ». |
« Art. 14.Nulle peine ne peut être établie ni appliquée qu'en vertu |
« Art. 14.Nulle peine ne peut être établie ni appliquée qu'en vertu |
de la loi ». | de la loi ». |
L'article 7 de la Convention européenne des droits de l'homme dispose | L'article 7 de la Convention européenne des droits de l'homme dispose |
: | : |
« 1. Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui, au | « 1. Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui, au |
moment où elle a été commise, ne constituait pas une infraction | moment où elle a été commise, ne constituait pas une infraction |
d'après le droit national ou international. De même il n'est infligé | d'après le droit national ou international. De même il n'est infligé |
aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où | aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où |
l'infraction a été commise. | l'infraction a été commise. |
2. Le présent article ne portera pas atteinte au jugement et à la | 2. Le présent article ne portera pas atteinte au jugement et à la |
punition d'une personne coupable d'une action ou d'une omission qui, | punition d'une personne coupable d'une action ou d'une omission qui, |
au moment où elle a été commise, était criminelle d'après les | au moment où elle a été commise, était criminelle d'après les |
principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées ». | principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées ». |
L'article 15 du Pacte international relatif aux droits civils et | L'article 15 du Pacte international relatif aux droits civils et |
politiques dispose : | politiques dispose : |
« 1. Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui ne | « 1. Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui ne |
constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou | constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou |
international au moment où elles ont été commises. De même, il ne sera | international au moment où elles ont été commises. De même, il ne sera |
infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au | infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au |
moment où l'infraction a été commise. Si, postérieurement à cette | moment où l'infraction a été commise. Si, postérieurement à cette |
infraction, la loi prévoit l'application d'une peine plus légère, le | infraction, la loi prévoit l'application d'une peine plus légère, le |
délinquant doit en bénéficier. | délinquant doit en bénéficier. |
2. Rien dans le présent article ne s'oppose au jugement ou à la | 2. Rien dans le présent article ne s'oppose au jugement ou à la |
condamnation de tout individu en raison d'actes ou omissions qui, au | condamnation de tout individu en raison d'actes ou omissions qui, au |
moment où ils ont été commis, étaient tenus pour criminels, d'après | moment où ils ont été commis, étaient tenus pour criminels, d'après |
les principes généraux de droit reconnus par l'ensemble des nations ». | les principes généraux de droit reconnus par l'ensemble des nations ». |
B.3.4. En vertu de l'article 1er, 2°, de la loi spéciale du 6 janvier | B.3.4. En vertu de l'article 1er, 2°, de la loi spéciale du 6 janvier |
1989, modifié par la loi spéciale du 9 mars 2003, la Cour est | 1989, modifié par la loi spéciale du 9 mars 2003, la Cour est |
compétente pour contrôler des normes législatives au regard des | compétente pour contrôler des normes législatives au regard des |
articles du titre II « Des Belges et de leurs droits » et des articles | articles du titre II « Des Belges et de leurs droits » et des articles |
170, 172 et 191 de la Constitution. | 170, 172 et 191 de la Constitution. |
Lorsqu'une disposition conventionnelle liant la Belgique a une portée | Lorsqu'une disposition conventionnelle liant la Belgique a une portée |
analogue à une ou plusieurs des dispositions constitutionnelles | analogue à une ou plusieurs des dispositions constitutionnelles |
précitées, les garanties consacrées par cette disposition | précitées, les garanties consacrées par cette disposition |
conventionnelle constituent toutefois un ensemble indissociable avec | conventionnelle constituent toutefois un ensemble indissociable avec |
les garanties inscrites dans les dispositions constitutionnelles en | les garanties inscrites dans les dispositions constitutionnelles en |
cause. | cause. |
Il s'ensuit que, lorsqu'est alléguée la violation d'une disposition du | Il s'ensuit que, lorsqu'est alléguée la violation d'une disposition du |
titre II ou des articles 170, 172 ou 191 de la Constitution, la Cour | titre II ou des articles 170, 172 ou 191 de la Constitution, la Cour |
tient compte, dans son examen, des dispositions de droit international | tient compte, dans son examen, des dispositions de droit international |
qui garantissent des droits ou libertés analogues. | qui garantissent des droits ou libertés analogues. |
B.3.5. En attribuant au pouvoir législatif la compétence, d'une part, | B.3.5. En attribuant au pouvoir législatif la compétence, d'une part, |
de déterminer dans quels cas et sous quelle forme des poursuites | de déterminer dans quels cas et sous quelle forme des poursuites |
pénales sont possibles et, d'autre part, d'adopter la loi en vertu de | pénales sont possibles et, d'autre part, d'adopter la loi en vertu de |
laquelle une peine peut être établie et appliquée, les articles 12, | laquelle une peine peut être établie et appliquée, les articles 12, |
alinéa 2, et 14 de la Constitution garantissent à tout citoyen | alinéa 2, et 14 de la Constitution garantissent à tout citoyen |
qu'aucun comportement ne sera punissable et qu'aucune peine ne sera | qu'aucun comportement ne sera punissable et qu'aucune peine ne sera |
infligée qu'en vertu de règles adoptées par une assemblée délibérante, | infligée qu'en vertu de règles adoptées par une assemblée délibérante, |
démocratiquement élue. | démocratiquement élue. |
B.3.6. Le principe de légalité en matière pénale procède en outre de | B.3.6. Le principe de légalité en matière pénale procède en outre de |
l'idée que la loi pénale doit être formulée en des termes qui | l'idée que la loi pénale doit être formulée en des termes qui |
permettent à chacun de savoir, au moment où il adopte un comportement, | permettent à chacun de savoir, au moment où il adopte un comportement, |
si celui-ci est ou non punissable. Il exige que le législateur | si celui-ci est ou non punissable. Il exige que le législateur |
indique, en des termes suffisamment précis, clairs et offrant la | indique, en des termes suffisamment précis, clairs et offrant la |
sécurité juridique, quels faits sont sanctionnés, afin, d'une part, | sécurité juridique, quels faits sont sanctionnés, afin, d'une part, |
que celui qui adopte un comportement puisse évaluer préalablement, de | que celui qui adopte un comportement puisse évaluer préalablement, de |
manière satisfaisante, quelle sera la conséquence pénale de ce | manière satisfaisante, quelle sera la conséquence pénale de ce |
comportement et afin, d'autre part, que ne soit pas laissé au juge un | comportement et afin, d'autre part, que ne soit pas laissé au juge un |
trop grand pouvoir d'appréciation. | trop grand pouvoir d'appréciation. |
Toutefois, le principe de légalité en matière pénale n'empêche pas que | Toutefois, le principe de légalité en matière pénale n'empêche pas que |
la loi attribue un pouvoir d'appréciation au juge. Il faut en effet | la loi attribue un pouvoir d'appréciation au juge. Il faut en effet |
tenir compte du caractère de généralité des lois, de la diversité des | tenir compte du caractère de généralité des lois, de la diversité des |
situations auxquelles elles s'appliquent et de l'évolution des | situations auxquelles elles s'appliquent et de l'évolution des |
comportements qu'elles répriment. | comportements qu'elles répriment. |
La condition qu'une infraction doit être clairement définie par la loi | La condition qu'une infraction doit être clairement définie par la loi |
se trouve remplie lorsque le justiciable peut savoir, à partir du | se trouve remplie lorsque le justiciable peut savoir, à partir du |
libellé de la disposition pertinente, quels actes et omissions | libellé de la disposition pertinente, quels actes et omissions |
engagent sa responsabilité pénale. | engagent sa responsabilité pénale. |
B.3.7. Ce n'est qu'en examinant une disposition pénale spécifique | B.3.7. Ce n'est qu'en examinant une disposition pénale spécifique |
qu'il est possible, en tenant compte des éléments propres aux | qu'il est possible, en tenant compte des éléments propres aux |
infractions qu'elle entend réprimer, de déterminer si les termes | infractions qu'elle entend réprimer, de déterminer si les termes |
généraux utilisés par le législateur sont à ce point vagues qu'ils | généraux utilisés par le législateur sont à ce point vagues qu'ils |
méconnaîtraient le principe de légalité en matière pénale. | méconnaîtraient le principe de légalité en matière pénale. |
B.3.8. La disposition attaquée ne crée pas une incrimination nouvelle. | B.3.8. La disposition attaquée ne crée pas une incrimination nouvelle. |
Elle ne peut s'appliquer que lorsque les crimes et délits qu'elle vise | Elle ne peut s'appliquer que lorsque les crimes et délits qu'elle vise |
ont été commis envers une des catégories de personnes qu'elle cite. La | ont été commis envers une des catégories de personnes qu'elle cite. La |
circonstance que la notion d'« exercice des fonctions » fasse l'objet | circonstance que la notion d'« exercice des fonctions » fasse l'objet |
de définitions qui ne sont pas uniformes dans la législation ou dans | de définitions qui ne sont pas uniformes dans la législation ou dans |
la jurisprudence tient à la variété des situations et des fonctions | la jurisprudence tient à la variété des situations et des fonctions |
auxquelles elle est appliquée et à l'objet de la règle qui se réfère à | auxquelles elle est appliquée et à l'objet de la règle qui se réfère à |
cette notion. Il reste que celle-ci a, dans le langage courant et | cette notion. Il reste que celle-ci a, dans le langage courant et |
selon le sens commun, une signification que le justiciable ne saurait | selon le sens commun, une signification que le justiciable ne saurait |
ignorer et est raisonnablement capable d'évaluer, dès lors que les | ignorer et est raisonnablement capable d'évaluer, dès lors que les |
qualifications des victimes énumérées par l'article 410bis ne | qualifications des victimes énumérées par l'article 410bis ne |
permettent pas de douter des circonstances dans lesquelles ces | permettent pas de douter des circonstances dans lesquelles ces |
personnes sont protégées. Si un doute pouvait surgir en raison de | personnes sont protégées. Si un doute pouvait surgir en raison de |
caractéristiques propres à une infraction déterminée - par exemple | caractéristiques propres à une infraction déterminée - par exemple |
parce qu'une personne protégée aurait été agressée en dehors de son | parce qu'une personne protégée aurait été agressée en dehors de son |
lieu de travail -, il appartient au juge, compte tenu de l'intention | lieu de travail -, il appartient au juge, compte tenu de l'intention |
de l'auteur des faits et de ce que le législateur a, plusieurs fois, | de l'auteur des faits et de ce que le législateur a, plusieurs fois, |
indiqué que les personnes protégées étaient des personnes qui sont « | indiqué que les personnes protégées étaient des personnes qui sont « |
obligées d'entrer en contact avec le public en vue de remplir | obligées d'entrer en contact avec le public en vue de remplir |
d'indispensables missions d'intérêt collectif » (Doc. parl., Chambre, | d'indispensables missions d'intérêt collectif » (Doc. parl., Chambre, |
2004-2005, DOC 51-1843/001, p. 4; dans le même sens, Doc. parl., | 2004-2005, DOC 51-1843/001, p. 4; dans le même sens, Doc. parl., |
Sénat, 2006-2007, n° 3-1791/3, pp. 2 et 8), d'apprécier si la personne | Sénat, 2006-2007, n° 3-1791/3, pp. 2 et 8), d'apprécier si la personne |
protégée exerçait effectivement ses fonctions et si, dès lors, une | protégée exerçait effectivement ses fonctions et si, dès lors, une |
sanction plus lourde doit être appliquée. | sanction plus lourde doit être appliquée. |
B.4.1. Dans la deuxième branche du moyen, la partie requérante fait | B.4.1. Dans la deuxième branche du moyen, la partie requérante fait |
valoir que l'article 410bis du Code pénal viole le principe de | valoir que l'article 410bis du Code pénal viole le principe de |
légalité en ce qu'il s'abstient de préciser s'il s'applique ou non aux | légalité en ce qu'il s'abstient de préciser s'il s'applique ou non aux |
infractions qui seraient motivées par des considérations d'ordre privé | infractions qui seraient motivées par des considérations d'ordre privé |
et ne précise donc pas l'élément moral de l'infraction. | et ne précise donc pas l'élément moral de l'infraction. |
B.4.2. La question des différends d'ordre privé a été évoquée au cours | B.4.2. La question des différends d'ordre privé a été évoquée au cours |
des travaux préparatoires (Doc. parl., Sénat, 2006-2007, n° 3-1791/3, | des travaux préparatoires (Doc. parl., Sénat, 2006-2007, n° 3-1791/3, |
p. 4) et un amendement visant à limiter l'application de l'article | p. 4) et un amendement visant à limiter l'application de l'article |
410bis à l'hypothèse « où la fonction de la victime était connue de | 410bis à l'hypothèse « où la fonction de la victime était connue de |
l'auteur et [où] l'auteur a voulu porter atteinte à cette fonction » a | l'auteur et [où] l'auteur a voulu porter atteinte à cette fonction » a |
été rejeté (ibid., pp. 13 et 14). | été rejeté (ibid., pp. 13 et 14). |
B.4.3. En précisant, dans la disposition attaquée, que les personnes | B.4.3. En précisant, dans la disposition attaquée, que les personnes |
qu'elle vise seraient protégées « dans l'exercice de leurs fonctions | qu'elle vise seraient protégées « dans l'exercice de leurs fonctions |
», le législateur a pu estimer superflu d'ajouter que les crimes et | », le législateur a pu estimer superflu d'ajouter que les crimes et |
délits commis envers elles à l'occasion de litiges d'ordre privé ne | délits commis envers elles à l'occasion de litiges d'ordre privé ne |
sont pas de ceux pouvant être punis d'une peine plus sévère en vertu | sont pas de ceux pouvant être punis d'une peine plus sévère en vertu |
de la disposition qu'il adoptait. | de la disposition qu'il adoptait. |
B.5.1. Dans la troisième branche du moyen, la partie requérante fait | B.5.1. Dans la troisième branche du moyen, la partie requérante fait |
valoir que l'article 410bis du Code pénal viole le principe de | valoir que l'article 410bis du Code pénal viole le principe de |
légalité en ce qu'il ne définit pas avec clarté et précision les | légalité en ce qu'il ne définit pas avec clarté et précision les |
limites de l'application de la loi, par la confusion dans un même | limites de l'application de la loi, par la confusion dans un même |
article de catégories disparates relevant du secteur privé et du | article de catégories disparates relevant du secteur privé et du |
secteur public, et par l'absence de définition des notions de service | secteur public, et par l'absence de définition des notions de service |
public fonctionnel et de missions d'intérêt général ou collectif. | public fonctionnel et de missions d'intérêt général ou collectif. |
B.5.2. En énumérant les différentes catégories de personnes | B.5.2. En énumérant les différentes catégories de personnes |
bénéficiant de la protection qu'elle instaure, la disposition attaquée | bénéficiant de la protection qu'elle instaure, la disposition attaquée |
satisfait aux exigences du principe de légalité. Le législateur a | satisfait aux exigences du principe de légalité. Le législateur a |
lui-même estimé qu'une définition plus générale semblait impossible et | lui-même estimé qu'une définition plus générale semblait impossible et |
ne répondrait pas à ces exigences (Doc. parl., Sénat, 2006-2007, n° | ne répondrait pas à ces exigences (Doc. parl., Sénat, 2006-2007, n° |
3-1791/3, p. 11). Les notions de secteur privé, de secteur public, de | 3-1791/3, p. 11). Les notions de secteur privé, de secteur public, de |
service public fonctionnel ou de missions d'intérêt général ou | service public fonctionnel ou de missions d'intérêt général ou |
collectif auxquelles se réfère la partie requérante n'avaient pas à | collectif auxquelles se réfère la partie requérante n'avaient pas à |
être définies par la disposition attaquée puisqu'elles ne sont pas | être définies par la disposition attaquée puisqu'elles ne sont pas |
utilisées par celle-ci, même si elles ont fait l'objet de discussions, | utilisées par celle-ci, même si elles ont fait l'objet de discussions, |
portant sur le champ d'application de la loi, au cours des travaux | portant sur le champ d'application de la loi, au cours des travaux |
préparatoires (Doc. parl., Sénat, 2006-2007, n° 3-1791/3, pp. 6 à 11). | préparatoires (Doc. parl., Sénat, 2006-2007, n° 3-1791/3, pp. 6 à 11). |
B.5.3. Les arguments que la partie requérante entend tirer de la | B.5.3. Les arguments que la partie requérante entend tirer de la |
circonstance que ces notions ne seraient pas définies constituent en | circonstance que ces notions ne seraient pas définies constituent en |
réalité une critique du champ d'application de la loi - défini par | réalité une critique du champ d'application de la loi - défini par |
celle-ci de manière précise et objective - et des différences de | celle-ci de manière précise et objective - et des différences de |
traitement que le champ d'application implique suivant que certaines | traitement que le champ d'application implique suivant que certaines |
victimes sont ou non protégées par la disposition attaquée. Ces | victimes sont ou non protégées par la disposition attaquée. Ces |
arguments, qui sont étrangers au contrôle du principe de légalité, se | arguments, qui sont étrangers au contrôle du principe de légalité, se |
confondent par conséquent avec ceux invoqués à l'appui de la quatrième | confondent par conséquent avec ceux invoqués à l'appui de la quatrième |
branche du second moyen, pris de la violation du principe d'égalité et | branche du second moyen, pris de la violation du principe d'égalité et |
de non-discrimination, et seront pris en compte lorsque ce moyen sera | de non-discrimination, et seront pris en compte lorsque ce moyen sera |
examiné. | examiné. |
B.6.1. Dans la quatrième branche du moyen, la partie requérante fait | B.6.1. Dans la quatrième branche du moyen, la partie requérante fait |
valoir que l'article 410bis, alinéa 2, du Code pénal viole le principe | valoir que l'article 410bis, alinéa 2, du Code pénal viole le principe |
de légalité en ce qu'il ne définit pas de manière précise et claire | de légalité en ce qu'il ne définit pas de manière précise et claire |
les membres de la famille qu'il vise, alors que l'article 372, § 2, du | les membres de la famille qu'il vise, alors que l'article 372, § 2, du |
Code pénal le fait en matière d'attentat à la pudeur. | Code pénal le fait en matière d'attentat à la pudeur. |
B.6.2. En réponse à une observation analogue de la section de | B.6.2. En réponse à une observation analogue de la section de |
législation du Conseil d'Etat (Doc. parl., Chambre, 2004-2005, DOC | législation du Conseil d'Etat (Doc. parl., Chambre, 2004-2005, DOC |
51-1843/001, p. 14), le Gouvernement indiqua : | 51-1843/001, p. 14), le Gouvernement indiqua : |
« Compte tenu de l'objectif poursuivi, le gouvernement considère | « Compte tenu de l'objectif poursuivi, le gouvernement considère |
cependant qu'il convient de comprendre le terme ' famille ' au sens | cependant qu'il convient de comprendre le terme ' famille ' au sens |
large et dans son sens usuel. | large et dans son sens usuel. |
Il peut ainsi s'agir, non seulement de l'ascendant, de l'adoptant, du | Il peut ainsi s'agir, non seulement de l'ascendant, de l'adoptant, du |
frère ou de la soeur mais aussi du beau-frère, de la tante, du | frère ou de la soeur mais aussi du beau-frère, de la tante, du |
cousin,... » (ibid., p. 9). | cousin,... » (ibid., p. 9). |
B.6.3. Le législateur peut, sans violer le principe de légalité en | B.6.3. Le législateur peut, sans violer le principe de légalité en |
matière pénale, se référer à une notion, même comprise au sens large, | matière pénale, se référer à une notion, même comprise au sens large, |
entendue dans son sens usuel. | entendue dans son sens usuel. |
B.7. Le premier moyen n'est pas fondé. | B.7. Le premier moyen n'est pas fondé. |
Quant au principe d'égalité et de non-discrimination (second moyen) | Quant au principe d'égalité et de non-discrimination (second moyen) |
B.8.1. Le second moyen est pris de la violation des articles 10, 11 et | B.8.1. Le second moyen est pris de la violation des articles 10, 11 et |
24, § 4, de la Constitution. | 24, § 4, de la Constitution. |
B.8.2. Pour satisfaire aux exigences de l'article 6 de la loi spéciale | B.8.2. Pour satisfaire aux exigences de l'article 6 de la loi spéciale |
du 6 janvier 1989, les moyens de la requête doivent faire connaître, | du 6 janvier 1989, les moyens de la requête doivent faire connaître, |
parmi les règles dont la Cour garantit le respect, celles qui seraient | parmi les règles dont la Cour garantit le respect, celles qui seraient |
violées ainsi que les dispositions qui violeraient ces règles et | violées ainsi que les dispositions qui violeraient ces règles et |
exposer en quoi ces règles auraient été transgressées par ces | exposer en quoi ces règles auraient été transgressées par ces |
dispositions. | dispositions. |
Le moyen n'est pas recevable en ce qu'il est pris de la violation de | Le moyen n'est pas recevable en ce qu'il est pris de la violation de |
l'article 24, § 4, de la Constitution, faute d'exposer en quoi cette | l'article 24, § 4, de la Constitution, faute d'exposer en quoi cette |
disposition serait violée. | disposition serait violée. |
B.8.3. La partie requérante fait d'abord valoir que l'article 410bis | B.8.3. La partie requérante fait d'abord valoir que l'article 410bis |
du Code pénal crée une différence de traitement injustifiée entre les | du Code pénal crée une différence de traitement injustifiée entre les |
prévenus qui peuvent être condamnés à une peine minimale double ou à | prévenus qui peuvent être condamnés à une peine minimale double ou à |
une peine minimale simple suivant que la victime relève ou non d'une | une peine minimale simple suivant que la victime relève ou non d'une |
des catégories de personnes visées par la disposition attaquée. | des catégories de personnes visées par la disposition attaquée. |
Elle soutient qu'il n'y aurait pas d'adéquation entre les objectifs | Elle soutient qu'il n'y aurait pas d'adéquation entre les objectifs |
poursuivis par le législateur et les moyens qu'il a mis en oeuvre, | poursuivis par le législateur et les moyens qu'il a mis en oeuvre, |
qu'il n'y aurait pas de données statistiques ou scientifiques fiables | qu'il n'y aurait pas de données statistiques ou scientifiques fiables |
établissant l'augmentation des violences que la loi attaquée | établissant l'augmentation des violences que la loi attaquée |
entendrait réprimer, que celle-ci et l'accroissement de la sévérité de | entendrait réprimer, que celle-ci et l'accroissement de la sévérité de |
la peine qu'elle implique n'auraient pas d'effet dissuasif (parce que | la peine qu'elle implique n'auraient pas d'effet dissuasif (parce que |
les agissements des délinquants ne sont pas rationnels et parce qu'il | les agissements des délinquants ne sont pas rationnels et parce qu'il |
est improbable que ces derniers prennent connaissance des | est improbable que ces derniers prennent connaissance des |
modifications législatives), que la mesure attaquée ne serait pas | modifications législatives), que la mesure attaquée ne serait pas |
efficace (parce l'alourdissement des peines n'a pas d'effet positif | efficace (parce l'alourdissement des peines n'a pas d'effet positif |
sur la récidive) et que la meilleure protection des victimes qui | sur la récidive) et que la meilleure protection des victimes qui |
constitue l'objectif du législateur ne peut être garantie par la | constitue l'objectif du législateur ne peut être garantie par la |
sévérité croissante du système pénal mais par des mesures ouvrant des | sévérité croissante du système pénal mais par des mesures ouvrant des |
droits aux victimes (première branche). Elle soutient aussi que | droits aux victimes (première branche). Elle soutient aussi que |
l'accroissement de la sanction ne peut être justifié par une | l'accroissement de la sanction ne peut être justifié par une |
quelconque nécessité parce qu'il existe des « solutions alternatives » | quelconque nécessité parce qu'il existe des « solutions alternatives » |
telles les mesures préventives ou l'application des principes de la | telles les mesures préventives ou l'application des principes de la |
justice réparatrice (deuxième branche). Elle soutient enfin que même | justice réparatrice (deuxième branche). Elle soutient enfin que même |
si les moyens étaient pertinents au regard des objectifs et que même | si les moyens étaient pertinents au regard des objectifs et que même |
si les « solutions alternatives » devaient être écartées, la | si les « solutions alternatives » devaient être écartées, la |
disposition attaquée devrait être censurée, compte tenu de la nature | disposition attaquée devrait être censurée, compte tenu de la nature |
des principes en cause, parce qu'elle porte une atteinte | des principes en cause, parce qu'elle porte une atteinte |
disproportionnée au droit à la liberté (troisième branche). | disproportionnée au droit à la liberté (troisième branche). |
B.8.4. Aucune disposition constitutionnelle ne subordonne | B.8.4. Aucune disposition constitutionnelle ne subordonne |
l'intervention du législateur à l'existence de données scientifiques | l'intervention du législateur à l'existence de données scientifiques |
ou statistiques. Il dispose à cet égard d'un pouvoir d'appréciation | ou statistiques. Il dispose à cet égard d'un pouvoir d'appréciation |
pour prendre des mesures qui, à son estime, répondent à l'attente des | pour prendre des mesures qui, à son estime, répondent à l'attente des |
citoyens. Ces mesures résistent au contrôle de constitutionnalité si | citoyens. Ces mesures résistent au contrôle de constitutionnalité si |
elles ne portent pas d'atteinte discriminatoire aux droits des | elles ne portent pas d'atteinte discriminatoire aux droits des |
justiciables. | justiciables. |
B.8.5. Il appartient aussi au législateur d'apprécier si les violences | B.8.5. Il appartient aussi au législateur d'apprécier si les violences |
auxquelles il entend mettre fin doivent faire l'objet de mesures | auxquelles il entend mettre fin doivent faire l'objet de mesures |
préventives, de mesures réparatrices, de mesures visant à protéger les | préventives, de mesures réparatrices, de mesures visant à protéger les |
victimes ou de mesures répressives telles que la privation de liberté. | victimes ou de mesures répressives telles que la privation de liberté. |
B.8.6. En se référant aux articles 398 à 405 du Code pénal, l'article | B.8.6. En se référant aux articles 398 à 405 du Code pénal, l'article |
410bis concerne la violence physique qui n'est acceptable dans aucune | 410bis concerne la violence physique qui n'est acceptable dans aucune |
circonstance et qu'aucune autorité soucieuse de l'intérêt général ne | circonstance et qu'aucune autorité soucieuse de l'intérêt général ne |
saurait tolérer. Il relève du pouvoir d'appréciation du législateur | saurait tolérer. Il relève du pouvoir d'appréciation du législateur |
d'inciter les juges à la sévérité lorsqu'il s'agit de réprimer des | d'inciter les juges à la sévérité lorsqu'il s'agit de réprimer des |
infractions qui portent atteinte de manière particulièrement grave à | infractions qui portent atteinte de manière particulièrement grave à |
l'intérêt général. La loi ne prévoit pas une augmentation du maximum | l'intérêt général. La loi ne prévoit pas une augmentation du maximum |
des peines et elle n'écarte l'application, ni de l'article 25 du Code | des peines et elle n'écarte l'application, ni de l'article 25 du Code |
pénal (qui permet la correctionnalisation des crimes), ni des articles | pénal (qui permet la correctionnalisation des crimes), ni des articles |
79 à 85 du même Code qui permettent de réduire les peines de réclusion | 79 à 85 du même Code qui permettent de réduire les peines de réclusion |
et d'emprisonnement s'il existe des circonstances atténuantes (Doc. | et d'emprisonnement s'il existe des circonstances atténuantes (Doc. |
parl., Chambre, 2004-2005, DOC 51-1843/001, p. 7), ni des dispositions | parl., Chambre, 2004-2005, DOC 51-1843/001, p. 7), ni des dispositions |
de la loi du 29 juin 1964 concernant la suspension, le sursis et la | de la loi du 29 juin 1964 concernant la suspension, le sursis et la |
probation. En augmentant, dans la mesure indiquée, le minimum des | probation. En augmentant, dans la mesure indiquée, le minimum des |
peines, le législateur a pris une mesure qui est en rapport avec | peines, le législateur a pris une mesure qui est en rapport avec |
l'objectif poursuivi et qui n'est pas disproportionnée à celui-ci. | l'objectif poursuivi et qui n'est pas disproportionnée à celui-ci. |
B.9.1. Dans les quatrième et cinquième branches, la partie requérante | B.9.1. Dans les quatrième et cinquième branches, la partie requérante |
fait valoir que l'article 410bis du Code pénal crée une différence de | fait valoir que l'article 410bis du Code pénal crée une différence de |
traitement injustifiée entre les personnes qu'il vise et celles qui, | traitement injustifiée entre les personnes qu'il vise et celles qui, |
tout en se trouvant dans des situations similaires, ne sont pas visées | tout en se trouvant dans des situations similaires, ne sont pas visées |
et ne bénéficient donc pas de la protection qu'elle institue. | et ne bénéficient donc pas de la protection qu'elle institue. |
B.9.2. Les travaux préparatoires de la loi attaquée indiquent que le | B.9.2. Les travaux préparatoires de la loi attaquée indiquent que le |
champ d'application de l'article 410bis fut largement discuté (Doc. | champ d'application de l'article 410bis fut largement discuté (Doc. |
parl., Chambre, 2005-2006, DOC 51-1843/007, pp. 5, 11 et 12). | parl., Chambre, 2005-2006, DOC 51-1843/007, pp. 5, 11 et 12). |
Le Conseil d'Etat fit observer : | Le Conseil d'Etat fit observer : |
« Les infractions commises contre les personnes visées par | « Les infractions commises contre les personnes visées par |
l'avant-projet portant atteinte de manière particulièrement grave à | l'avant-projet portant atteinte de manière particulièrement grave à |
l'intérêt général, la modification projetée du Code pénal ne suscite | l'intérêt général, la modification projetée du Code pénal ne suscite |
pas d'objection. | pas d'objection. |
Cependant, la multiplication des circonstances qui permettent une | Cependant, la multiplication des circonstances qui permettent une |
augmentation de la peine ou de son minimum pourrait faire naître des | augmentation de la peine ou de son minimum pourrait faire naître des |
interrogations, par rapport aux articles 10 et 11 de la Constitution, | interrogations, par rapport aux articles 10 et 11 de la Constitution, |
sur l'impossibilité d'une telle augmentation dans d'autres | sur l'impossibilité d'une telle augmentation dans d'autres |
circonstances qui portent également une atteinte particulièrement | circonstances qui portent également une atteinte particulièrement |
grave à l'intérêt général, en raison de la qualité (personnes âgées, | grave à l'intérêt général, en raison de la qualité (personnes âgées, |
usagers des transports en commun, personnes travaillant la nuit, etc.) | usagers des transports en commun, personnes travaillant la nuit, etc.) |
ou de la profession de la victime (les fonctionnaires exerçant une | ou de la profession de la victime (les fonctionnaires exerçant une |
mission de contrôle ou en contact avec le public, les transporteurs de | mission de contrôle ou en contact avec le public, les transporteurs de |
fonds, les guichetiers de La Poste ou d'une banque privée, les | fonds, les guichetiers de La Poste ou d'une banque privée, les |
stewards en matière de sécurité des matchs de football, les | stewards en matière de sécurité des matchs de football, les |
vétérinaires, voire les personnes exerçant une fonction policière ou | vétérinaires, voire les personnes exerçant une fonction policière ou |
assimilée, etc.) » (Doc. parl., Chambre, 2004-2005, DOC 51-1843/001, | assimilée, etc.) » (Doc. parl., Chambre, 2004-2005, DOC 51-1843/001, |
pp. 12 et 13). | pp. 12 et 13). |
Le Gouvernement répondit : | Le Gouvernement répondit : |
« En réalité, il s'agit plutôt de la question du champ d'application | « En réalité, il s'agit plutôt de la question du champ d'application |
ratione personae du présent projet. | ratione personae du présent projet. |
Ainsi, les personnes qui seront dorénavant mieux protégées par les | Ainsi, les personnes qui seront dorénavant mieux protégées par les |
dispositions en projet seront celles qui remplissent une mission de | dispositions en projet seront celles qui remplissent une mission de |
service public fonctionnel ou une mission d'intérêt général dans les | service public fonctionnel ou une mission d'intérêt général dans les |
domaines de la mobilité, de la distribution du courrier, de la santé | domaines de la mobilité, de la distribution du courrier, de la santé |
publique, de l'aide sociale ou de l'enseignement et qui dans | publique, de l'aide sociale ou de l'enseignement et qui dans |
l'exercice de leurs fonctions sont obligées, en vertu de leur statut | l'exercice de leurs fonctions sont obligées, en vertu de leur statut |
ou de leur déontologie, d'entrer en contact avec le public | ou de leur déontologie, d'entrer en contact avec le public |
bénéficiaire de leurs prestations. En outre, ces personnes exercent | bénéficiaire de leurs prestations. En outre, ces personnes exercent |
des métiers particulièrement exposés pour lesquelles il est ardu de | des métiers particulièrement exposés pour lesquelles il est ardu de |
recourir à des mesures de protection soit en raison de | recourir à des mesures de protection soit en raison de |
l'infrastructure soit en raison de la difficulté à évaluer a priori | l'infrastructure soit en raison de la difficulté à évaluer a priori |
les dangers qu'elles encourent. | les dangers qu'elles encourent. |
[...] | [...] |
Par contre, les critères retenus n'incluent pas les personnes âgées, | Par contre, les critères retenus n'incluent pas les personnes âgées, |
les usagers des transports en commun, les personnes travaillant la | les usagers des transports en commun, les personnes travaillant la |
nuit, les transporteurs de fonds, les guichetiers de La Poste ou d'une | nuit, les transporteurs de fonds, les guichetiers de La Poste ou d'une |
banque privée, les chauffeurs de taxis ou les vétérinaires lorsqu'ils | banque privée, les chauffeurs de taxis ou les vétérinaires lorsqu'ils |
exercent à titre privé. | exercent à titre privé. |
En effet, soit ces personnes n'exercent pas de mission de service | En effet, soit ces personnes n'exercent pas de mission de service |
public fonctionnel ni une mission d'intérêt général telle que définie | public fonctionnel ni une mission d'intérêt général telle que définie |
ci-dessus, les obligeant à entrer en contact avec le public, soit | ci-dessus, les obligeant à entrer en contact avec le public, soit |
elles ont la possibilité de recourir à d'autres mesures de protection. | elles ont la possibilité de recourir à d'autres mesures de protection. |
Quant aux fonctionnaires exerçant une mission de contrôle, il est | Quant aux fonctionnaires exerçant une mission de contrôle, il est |
rappelé qu'en règle ceux-ci peuvent faire appel aux forces de l'ordre | rappelé qu'en règle ceux-ci peuvent faire appel aux forces de l'ordre |
lors de leur mission de surveillance et de contrôle. | lors de leur mission de surveillance et de contrôle. |
A titre d'exemple, la loi du 16 novembre 1972 concernant l'inspection | A titre d'exemple, la loi du 16 novembre 1972 concernant l'inspection |
du travail peut être citée. | du travail peut être citée. |
Le même raisonnement peut s'appliquer aux vétérinaires assumant des | Le même raisonnement peut s'appliquer aux vétérinaires assumant des |
fonctions de surveillance et de contrôle, comme dans la lutte contre | fonctions de surveillance et de contrôle, comme dans la lutte contre |
le trafic d'hormones ou dans le domaine de la sécurité alimentaire. | le trafic d'hormones ou dans le domaine de la sécurité alimentaire. |
De plus, notre Code pénal prévoit l'infraction d'outrage qui réprime | De plus, notre Code pénal prévoit l'infraction d'outrage qui réprime |
d'une part l'outrage par paroles, faits, gestes ou menaces et d'autre | d'une part l'outrage par paroles, faits, gestes ou menaces et d'autre |
part les violences commis notamment envers les personnes ayant un | part les violences commis notamment envers les personnes ayant un |
caractère public, ce qui est le cas du personnel des services publics | caractère public, ce qui est le cas du personnel des services publics |
organiques, mais aussi envers les officiers ministériels, les agents | organiques, mais aussi envers les officiers ministériels, les agents |
dépositaires de l'autorité ou de la force publique. | dépositaires de l'autorité ou de la force publique. |
En ce qui concerne les personnes exerçant une fonction policière, il | En ce qui concerne les personnes exerçant une fonction policière, il |
est rappelé qu'outre l'infraction d'outrage, elles sont aussi | est rappelé qu'outre l'infraction d'outrage, elles sont aussi |
protégées par l'infraction de rébellion qui punit l'attaque ou la | protégées par l'infraction de rébellion qui punit l'attaque ou la |
résistance avec violences ou menaces envers les officiers | résistance avec violences ou menaces envers les officiers |
ministériels, les gardes champêtres ou forestiers, les dépositaires ou | ministériels, les gardes champêtres ou forestiers, les dépositaires ou |
agents de la force publique, les préposés à la perception des taxes ou | agents de la force publique, les préposés à la perception des taxes ou |
des contributions, les porteurs de contrainte, les préposés des | des contributions, les porteurs de contrainte, les préposés des |
douanes, les séquestres, les officiers ou agents de la police | douanes, les séquestres, les officiers ou agents de la police |
administrative ou judiciaire agissant pour l'exécution des lois, des | administrative ou judiciaire agissant pour l'exécution des lois, des |
ordres ou ordonnances de l'autorité publique, des mandats de justice | ordres ou ordonnances de l'autorité publique, des mandats de justice |
ou jugements. | ou jugements. |
En réalité, le présent projet n'a pas uniquement, comme le dit le | En réalité, le présent projet n'a pas uniquement, comme le dit le |
Conseil d'Etat, pour objectif de viser les personnes ' en raison de la | Conseil d'Etat, pour objectif de viser les personnes ' en raison de la |
qualité [...] ou de la profession de la victime '. Il est plus précis | qualité [...] ou de la profession de la victime '. Il est plus précis |
: il s'agit de mieux protéger les personnes qui sont actuellement | : il s'agit de mieux protéger les personnes qui sont actuellement |
confrontées à un nouveau phénomène de violence, que la société et les | confrontées à un nouveau phénomène de violence, que la société et les |
pouvoirs publics ne peuvent tolérer, en donnant à la justice les | pouvoirs publics ne peuvent tolérer, en donnant à la justice les |
moyens d'y apporter une réponse efficace » (Doc. parl., Chambre, | moyens d'y apporter une réponse efficace » (Doc. parl., Chambre, |
2004-2005, DOC 51-1843/001, pp. 5 et 6). | 2004-2005, DOC 51-1843/001, pp. 5 et 6). |
B.9.3. Il peut être admis que le législateur ait souhaité limiter le | B.9.3. Il peut être admis que le législateur ait souhaité limiter le |
champ d'application de la disposition attaquée, afin d'éviter non | champ d'application de la disposition attaquée, afin d'éviter non |
seulement d'« affaiblir le signal » donné par celle-ci (Doc. parl., | seulement d'« affaiblir le signal » donné par celle-ci (Doc. parl., |
Chambre, 2005-2006, DOC 51-1843/007, pp. 7 et 12) mais aussi de | Chambre, 2005-2006, DOC 51-1843/007, pp. 7 et 12) mais aussi de |
généraliser l'alourdissement de peines liées à des circonstances | généraliser l'alourdissement de peines liées à des circonstances |
aggravantes censées constituer une exception (Doc. parl., Sénat, | aggravantes censées constituer une exception (Doc. parl., Sénat, |
2006-2007, n° 3-1791/3, p. 7). | 2006-2007, n° 3-1791/3, p. 7). |
En outre, il peut aussi être admis que la protection que confère la | En outre, il peut aussi être admis que la protection que confère la |
disposition attaquée soit limitée à des personnes particulièrement | disposition attaquée soit limitée à des personnes particulièrement |
exposées à un risque d'agression. | exposées à un risque d'agression. |
B.10. Le second moyen n'est pas fondé. | B.10. Le second moyen n'est pas fondé. |
Par ces motifs, | Par ces motifs, |
la Cour | la Cour |
rejette le recours. | rejette le recours. |
Ainsi prononcé en langue française, en langue néerlandaise et en | Ainsi prononcé en langue française, en langue néerlandaise et en |
langue allemande, conformément à l'article 65 de la loi spéciale du 6 | langue allemande, conformément à l'article 65 de la loi spéciale du 6 |
janvier 1989, à l'audience publique du 31 juillet 2008. | janvier 1989, à l'audience publique du 31 juillet 2008. |
Le greffier, | Le greffier, |
P.-Y. Dutilleux. | P.-Y. Dutilleux. |
Le président, | Le président, |
M. Melchior. | M. Melchior. |